Vous plaisantez, monsieur Tanner, Jean Paul Dubois

conseilplomberieaix1jpg_5cf6cd74b83eeDocumentariste animalier, célibataire, monsieur Tanner ( que je vais appeler Paul, comme d’habitude) est plus familier de la truite que de la truelle. Mais le voilà qui quitte son nid douillet pour une grande aventure, qu’il pressent pourtant dès le départ comme un possible naufrage. Son oncle, décédé par surprise, avait partagé ses biens entre lui, et son amant. A l’amant, l’appartement en bord de mer, la collection de tableaux du XVIII ème et la Mercédès, au neveu, la maison gigantesque, quasi en ruines, inhabitée depuis quinze ans. Paul le sait, il va trimer et peut-être même se ruiner, alors que rien ni personne ne l’y oblige, même pas le notaire et que, dès les premiers avis et devis, les avertissements pleuvent. C’est un chantier pharaonique, pour le mener à bien dans les règles de l’art, il faut un budget que Paul n’a pas.

Alors, contre toute logique, Paul se lance quand même et se jette dans l’aventure du corps à corps avec les artisans, qu’il recrute lui-même, un peu au petit bonheur la chance et la malchance veille sur cet homme, proie facile pour le royaume de la tatche du travail au noir … Le récit est une galerie de portraits, succulents et drolatiques, mettant en scène les ouvriers qui exercent sur le malheureux propriétaire un pouvoir quasi sans limite. Les anecdotes burlesques s’enchainent, déconvenues, espoirs très mal placés, entourloupes dérisoires qui peuvent mener à la catastrophe : un chauffagiste étourdi en proie au mal d’amour, le peintre à la vocation artistique contrariée qui méprise murs et rouleaux et n’en tient que pour l’art moderne, le plombier fervent de son art, les plaquistes qui dressent des autels au milieu du chantier pour chanter les louanges de dieu. Le chantier s’étire, compétences aléatoires, promesses, mensonges, les personnages recrutés par monsieur Tanner n’en font un peu qu’à leur tête, atypiques, rocambolesques, un monde bigarré et interlope s’ouvre finalement dans la maison qui mine de rien, finit par prendre forme et reprendre une âme …

Un récit amusant, qui en plus, a un petit goût de moqueries revanchardes  pour qui a déjà attendu un plombier pendant tellement longtemps que lorsqu’il arrive, vous êtes prêts à vous prosterner devant ses compétences tout en tremblant de la facture.

24 commentaires sur “Vous plaisantez, monsieur Tanner, Jean Paul Dubois

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    1. Oui, moi aussi, j’aime beaucoup cet auteur, qui peut être beaucoup plus grave. Ses « Pauls » peuvent être en proie à des fragilités plus intérieures, celui-ci s’en sort plutôt pas mal !

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    1. Pas au point de monsieur Tanneur en ce qui me concerne, mais il y a quand même un certain plombier que je ne suis pas prête d’oublier … Il avait un répertoire d’excuses totalement hallucinantes ! Quand il finissait par venir …

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      1. C’est exactement cela ! Le mec qui t’explique qu’il n’a pu faire autrement que laisser filer une petite soudure alors que toi, tu te dis que ça sent quand même sacrément le gaz dans la maison ! Et que la chaudière pousse un râle presque vivant.

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  1. Il me faut ce Dubois! Lecture de circonstance qui pourrait m’instruire! J’ai acheté l’an dernier un maison qui tombe en lambeaux. J’attends justement le chauffagiste. Notre chaudière dégoutte dangereusement. Et, à -15 degrés, ce n’est pas le temps que notre chauffage rende l’âme.

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