Les impatients, Maria Pourchet

visuel-biocean-1Reine est le personnage principal de ce roman, et elle porte bien son prénom d’impatiente, car depuis toute jeune, elle a tout fait pour coller aux exigences de la réussite : grandes études, pas d’enfants, presque pas de vie sociale, un amant dans la même dynamique, son meilleur ami, Etienne, dans la même longueur d’ondes. Reine a avalé les postes à responsabilité, de plus en plus demandée, de plus en plus haut placée. Elle n’a même pas pris le temps de dépenser tous ses gros salaires, trop occupée à gagner le suivant, et la voilà presque prête à courir vers le prochain, en bonne gagneuse.

L’industrie de la beauté et des produits de luxe sont ses spécialités et elle s’apprête à devenir le n-1 d’un consortium de la beauté dans les bureaux de la défense grande arche. Elle a juste un peu de mal à choisir le bon chemisier, ce qui fait qu’elle oublie ses escarpins et se retrouve en basket dans le métro. Première faute, première faiblesse mais qui attire l’attention d’un spécialiste des algues marines, Reine ne s’arrête pas pour autant,  mais Reine commence à virer Cendrillon …

Reine n’a pas toujours été dans les clous, lisse, belle tirée à quatre épingles, mais elle toujours eu les dents longues, comme Etienne, son acolyte de toujours. Pendant qu’elle se rue dans le métro, il peaufine d’ailleurs ses dents blanches devant le miroir, répétant le gros mensonge qu’il doit faire passer sur les ondes, pour le compte de son boss, avant de se tailler un chemin vers les cabinets ministériels, son objectif caressé depuis le lycée. Tous les deux se sont extraits de leur milieu provincial, relativement modeste, ils en dû s’en décrotter pour devenir séduisants, en accord avec les codes : bar à jus, bars à oxygène, restaurants japonais, loueurs de vélos électriques…. Ils ont réussi, ils sont intégrés, formatés et heureux de l’être.

Le caillou est cependant dans les baskets de Reine, le vertige des hauteurs l’entraine vers la démission du nouveau poste et elle lance une nouvelle entreprise, la sienne, un nouveau concept du bien être de luxe qui décline les algues sous toutes ses formes : en gélules, en bains, en tisane, en sprays … On suit les différentes stratégies du personnage pour réunir les capitaux, pour faire comprendre à ses vendeurs de L’état sauvage qu’ils sont des conseillers au service de la promotion d’une image politiquement tellement correcte qu’elle en est ridicule. L’or vert aurait pu couler à flot, si le petit caillou dans les baskets n’avait pas été un spécialiste des algues ( quel hasard, quand même …)

Alors oui, la satire est amusante, l’ironie est incisive, le monde de l’entreprise est décapé, mais les coups de griffes restent fort superficiels … Il y a bien un grand méchant loup, mais le portrait à charge sent trop le remake du conte de fée. Et finalement, comme dans l’histoire qui est racontée, on nous vend ici de l’eau de rose, de la poudre aux yeux sous prétexte d’étude sociologique.

24 commentaires sur “Les impatients, Maria Pourchet

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    1. Je le reconnais volontiers, c’est plutôt drôle et amusant dans l’écriture. Mais le fond du propos est quand même sacrément léger ! La satire du monde de l’entreprise est finalement très politiquement correcte.

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  1. Oui j’ai bien lu d’autres avis très nuancés comme le tien à propos de cette oeuvre. Je crois que je ne vais pas la retenir ! Merci en tout cas pour ta super chronique et ta conclusion décapante et qui me mérite d’être honnête, tout ce que j’aime.

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    1. Je ne tenterai pas Feu, c’est clair. Et même si ce titre ne m’a pas du tout plu, ce n’est pas l’écriture qui m’a dérangée. Elle est même plutôt alerte et amusante, jusqu’à même être le seul intérêt pour aller jusqu’au bout de la romance …

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  2. Tu es un peu sévère, même si je reconnais que j’ai largement oublié cette lecture ; par contre, j’ai été extrêmement déçue par « Feu ». Je suis allée au bout parce que je voulais voir où irais l’autrice, mais franchement, je n’ai pas compris l’engouement autour de ce roman.

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    1. Je suis peut-être un peu sévère mais j’ai vraiment été dérangée par ce tour de passe passe entre l’affichage critique et la saveur sucrée. Pour Feu, ma foi, ce sera sans moi, on l’aura compris … Mais tant mieux si l’auteure plait, c’est toujours bon que les livres fassent parler d’eux !

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  3. Bonsoir Athalie, j’ai fait la connaissance de l’oeuvre de Mme Pourchet avec Feu. J’ai en lu la moitié après avoir entendu de très bonnes critiques au Masque et la plume et je me suis fait avoir. J’ai acheté le roman, c’est mon plus grand regret de cette année. Je n’a pas du tout aimé. L’autre moitié attendra et donc celui que tu chroniques aussi. Pour moi, c’est un écrivain à éviter. Bonne soirée et bonne fête de fin d’année.

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