Le père de Joseph Haquim lui avait prédit un bel avenir » d’aimant à emmerdes ». Sa mère, accro aux psychotropes, jamais à court d’un nouveau plan de carrière illégal, lui a légué, avant de disparaître dans les limbes des hôpitaux, son mantra favori : ne jamais voler les pauvres, toujours viser ce qu’il y a de plus cher : Lafayette Gourmet plutôt de Lidl. Avec de pareilles perspectives, rien d’étonnant à ce que Jo souffre d’un déficit de confiance dans son habitus social. Vingt cinq ans de loose, viré de chez sa dernière petite amie, et à la limite des fins de droit à Pôle emploi, il cohabite chez deux « tantes » aussi marginales que lui, mais en version flamboyantes et radicales. Dom et Keltoune sont tombées en amour l’une de l’autre à la maison d’arrêt de Fleury Mérogis : la première pour son plan de carrière dans le trafic de drogue, l’autre pour avoir défiguré en un large jet de white spirit son mari barbu qui voulait rejoindre le Khalifat avec ses enfants. Reconverties pour l’une en maitresse sado maso pour hommes d’affaire, et l’autre en formation de toiletteuses pour chien, on l’a compris, on est dans le social décalé. Le monde de Jo se situe dans le triangle Barbès, La chapelle, Marx Dormoy, dans les odeurs de keftas et le monde des petites magouilles, trafics à la petite semaine, entourloupes de marabout de ficelles.
Grâce à une nouvelle chance offerte par son conseiller en insertion qui croit en la capacité de Jo à manier la manipulation par empathie, il va devenir le vampire des plus basses œuvres d’information, la récolte du fait divers sordide, raciste, populiste … Et ainsi se reconstruire moralement et socialement, en exploitant les ressources de l’entreprise qui l’embauche, Exclusif News. Quand il y est embauché, la machine est encore artisanale, il en fait une plaque tournante. Avec une bande de bras cassés, il racle les bas fonds du blanchiment de l’argent de la drogue, de la radicalisation, des bavures en tout genre, du moment que c’est glauque et que ça rapporte. Et quand la machine s’enraye, Jo n’hésite pas à mettre la main à la pâte …
Dans la veine du politiquement incorrect, le roman est plutôt efficace, on y parle un caillera revisité, cadencé, qui colle au rythme des actions qui se bousculent et aux multiples personnages secondaires, déglingués, débrouillards, exploités avec bienveillance par Jo, sorte de daron qui ferait pendant à la daronne, qui pourrait s’acoquiner avec les mafieuses, ou trouver sa place sur Une île bien tranquille. Malgré une fin un peu en queue de poisson, c’est un bon divertissement décalé.
Décalé, décapant, oui ces références là, La daronne…
https://enlisantenvoyageant.blogspot.com/2021/10/mon-business-model.html
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C’est à la suite de la lecture de ta note que j’ai acheté ce titre … De la bonne came de bouquin, disais-tu ! Et oui, je confirme !
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En lisant ton billet je pensais justement à « la Daronne ». Il faut être dans la bonne disposition d’esprit pour lire ce genre de roman, sinon ça peut tomber à plat.
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Et ne pas trop en lire de cette veine, non plus, même si j’ai bien aimé les quatre titres … Avec un petit plus pour Une île bien tranquille, à cause de l’ambiance insulaire !
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Beaucoup aimé ce divertissement rondement mené.
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Je n’ai pas trouvé de note sur ton blog … J’ai mal cherché ?
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Non, je n’ai pas écrit d’article sur cette lecture.
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j’ai aimé la Daronne mais là je crains le côté trop décalé . je me perds un peu dans ton billet alors j’imagine dans le roman!
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Zut, c’est qu’il mal fait alors, mon bilet, parce que l’intrigue est simple à suivre, même si il y a pas mal d’actions et de personnages. Lis plutôt celui de Keisha, il est plus court en plus !
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