Le grand monde, Pierre Lemaitre

FRCAOM08_9FI_00372R_P (1)Beyrouth, immédiate après guerre.

Une savonnerie prospère, « les savons du Levant ». Sur la façade, Pelletier et fils. Comme chaque année, la famille subit le pèlerinage Pelletier : Louis le père, en tête de cortège, fier de ses savons. Pour ses fils, c’est plus glissant. L’ainé, Jean, dit Bouboule, après avoir démontré son incapacité à prendre la relève a pris la tangente à Paris. Sa femme Geneviève, qui aurait pu être jolie mais qui n’est que banale, est d’une capacité de nuisance au quotidien telle en devient un personnage romanesque à souhait. Hélène, la cadette est coincée entre ses deux parents à la suite du départ ( ou de la fuite) des trois frères, Jean et François à Paris, Etienne à Saïgon, pour les beaux yeux d’un légionnaire, Raymond. Hélène a le caractère bouillonnant et une liaison avec un prof vicieux qui permet de mettre en scène Louis le débonnaire patriarche, en homme prêt à tous les mensonges, ruses et manigances morales pour qui touche à sa famille. Il est loin d’être le seul à mentir … L’intrigue est dès ce départ un tiroir surprise foisonnant et réjouissant dont voici quelques brides ….

Saïgon : des trafics de complaisances à gogo, du riz de Camargue importé en Indochine, des moteurs prototypes dernier cri pour des barques flottantes. Louis, le chat, perché sur un frigidaire américain cacochyme. Etienne, nommé à l’agence des monnaies. Le Christal Palace : l’heure de l’apéro, Cinzano et Opium. La bague de Gaston, le collègue d’Etienne, puis sa deuxième bague … Le directeur de l’agence, accablé et moite, encadré dans son bureau par les photos de sa salope de première femme et de son chien mort. Le discret Diem, perfide et fourbe … Les robes jaunes des prostituées chinoises, les taxis girls du Majhong. Un bar de légionnaires. Raymond et les vietminhs.

Paris : les échecs de Jean, représentant en articles de Paris et autres catalogues de pacotilles en plein rationnement. Jean, planté devant son poireau vinaigrette dans un restaurant d’une ville de province. Une serveuse peu amène  derrière son comptoir. Un coup de fil tueur. Geneviève tisse sa toile vitupérine … Une jeune actrice à succès assassinée sauvagement dans les toilettes du cinéma le Régent. François qui pousse les portes du fait divers au Journal du soir, ramassant toutes les rumeurs qui font mouche.

Pénuries, trafics, vilenies, essor de la presse écrite, le Titanic colonial, les restes mitonnés des corruptions de la deuxième guerre mondiale, des envies d’ailleurs, des moralités à double ou triple fond, comme les secrets qui en cachent un autre, une chaine de rebondissements à gogo, le tout est mitonné à la sauce feuilletonnesque de l’auteur, dans la veine de sa première trilogie. Perso, je ne m’en lasse pas de cette blanquette là …

24 commentaires sur “Le grand monde, Pierre Lemaitre

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  1. De la première je n’ai lu que les deux premiers : Aurevoir là-haut .. Génial, Couleurs de l’incendie également mais un peu moins et le troisième l’envie n’est pas venue et là pas trop tentée…. 4 tomes ! mazette ! Alors moi aussi je glisse et reste pour l’instant à l’écart 🙂

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    1. Je crois que c’est seulement trois tomes qui sont prévus, mais si ils sont tous aussi prenant que ce premier titre, ma foi, ce sera avec plaisir que j’en lirai quatre !

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    1. Franchement, c’est un auteur qui est assez constant dans la qualité de ses ouvrages. J’ai rarement été déçue, ses polars (avant la première trilogie) sont aussi efficaces. J’espère que tu deviendras accro en découvrant ce premier tome, construit comme un feuilleton d’époque.

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    1. La première trilogie est vraiment une réussite, cet auteur a la plume généreuse avec ses personnages, même la salope de Geneviève est romanesque à souhait … Tu verras quand tu auras mis la main sur ta proie !

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  2. je l’ai réservé à la BM il ne reste plus qu’à attendre… il faudrait aussi que je termine sa trilogie, je n’ai pas lu « Le miroir de nos peines » qui m’inspirait moins que les 2 premiers (et aussi ma PAL qui déborde…

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    1. Le deuxième tome de la première trilogie est peut-être effectivement moins efficace que le premier, l’intrigue est un peu tordue … Mais le troisième est excellent avec un personnage de cafetier aussi inoubliable que celui du fonctionnaire zélé de Au revoir là-haut !
      La deuxième trilogie commence aussi bien que la première, j’espère que ton attente ne sera pas déçue.

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    1. Franchement, je te recommande le dernier tome « Miroir de nos peines » ! Il relance magistralement la machine à histoire ! En tout cas, pour moi aussi, c’est un vrai bonheur de lecture …

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    1. Tu aimes quand tu lis, et cela ne te motive pas ? Effectivement, c’est bizarre … C’est peut-être l’aspect feuilleton ? C’est ce que me disait un ami, à propos de cet auteur, qu’il se sentait pris par l’histoire à chaque fois, en se disant en même temps qu’il voyait toutes les ficelles …

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  3. Je risque de craquer ! J’ai lu le dernier de sa trilogie couleurs de l’incendie et j’avais beaucoup apprécié le côté romanesque et le côté historique ! J’ai hâte de lire son dernier livre 🙂 Surtout que tu as l’air d’avoir beaucoup apprécié !

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    1. Oui, j’ai vraiment bien apprécié cette lecture, si bien que je n’ai qu’un regret : que la suite ne soit pas déjà disponible ! Si tu craques, tu ne devrais pas être déçue, car on est dans la même veine romanesque que dans la trilogie.

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  4. J’ai eu la chance de pouvoir assister à une rencontre avec Pierre Lemaître, venu à l’espace Ouest-France présenter son dernier roman Le grand monde. J’ai trouvé l’auteur enthousiasmé et enthousiasmant ! Cette façon de raconter comment tout à coup, il a eu envie de créer tel ou tel personnage et de lui donner ce type de caractère (la mère, la belle-fille…). Il est formidable, bourré d’humour. Je suis enfin en train de le lire, et je me régale !

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