Les fainéants dans la vallée fertile, Albert Cossery

paresse_jpgIl s’agit d’un éloge de la paresse à la mode égyptienne L’activité principale  des membres de la famille du vieux Hafez, est dormir, faire la sieste, somnoler en pyjamas plus ou moins crasseux. Chacun dans un coin de la grande maison poussiéreux, amorphes et éreintés vivent Galal, l’aîné, Rafik, le second, l’oncle Mustapha qui a mené belle vie et a fini par échouer là, et Sérag, le plus jeune, le seul à sortir. Rafik a eu sa période d’activité :  il fréquentait la prostituée du coin, a même projeté un mariage,  mais il y a renoncé, au profit d’une totale inertie.

C’est peu de dire qu’il ne se passe pas grand chose avec des personnages aussi immobiles … Le père, Hafez caresse le projet de se marier, malgré l’hernie monstrueuse qui pointe sous sa tunique de nuit et de jour. Mais comme il ne quitte pas sa chambre, il a besoin d’une entremetteuse dont la visite se fait attendre. L’idée qu’une femme puisse entrer dans la maison et déranger la torpeur qui y règne, met en rage Rafik qui quitte son lit pour tenter de monter la garde depuis le divan de la salle à manger.

Une autre cause d’émoi est l’ambition du plus jeune, Serag, qui aspire à travailler. Il ne sait pas vraiment de quoi il s’agit, mais se traine de temps en temps aux abords d’une usine en construction, abandonnée, et fantasme une autre vie. Chaque trajet est ponctuée de haltes ensommeillées et lui vaut au retour deux ou trois jours de repos. Quelques personnages ponctuent les moments de lucidité éveillée, la prostituée au grand coeur, la servante, Hoda, qui vole quelques caresses à Serag, mollement motivé, le marchand de cacahouètes qui attend de lui un projet d’agrandissement de son magasin à moitié vide, un jeune inverti artiste qui peint des monochromes pour rendre compte du vide du monde et un jeune mendiant, dont la pauvreté agressive serait la marque de la violence du monde  …

Dans ce roman, tout est ainsi, avachi, ébréché … Les corps sont flasques, bancals … Est esquissé un art de dormir, une aristocratie de la paresse, les personnages seraient des dandys du sommeil, se retirant du monde mercantile pour ne pas participer à la vulgarité de l’activité humaine.,

Une fable, soit, mais dont l’absurde m’a laissé de marbre, prise moi aussi d’une grande torpeur intellectuelle.

Petit bac 2022

16 commentaires sur “Les fainéants dans la vallée fertile, Albert Cossery

Ajouter un commentaire

  1. je me demande la fable de quoi cela peut être ?
    en tout cas il t’a fallu une force incroyable pour soulever cette torpeur et aller jusqu’au bout .. C’est peut être un bon somnifère pour les insomniaques!

    J’aime

    1. Si j’ai bien compris, il s’agit de résister par l’inertie et l’immobilisme à l’agitation moderne d’une société mercantile où la seule valeur serait le travail … ( je l’ai lu dans un article sur l’auteur, parce que je ne savais trop quoi en dire de ce livre, en fait ….)
      Je ne sais pas si ce serait un bon remède pour les insomniaques, tu as plutôt envie de les secouer !

      J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Un Site WordPress.com.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :