Lorsque la nouvelle recrue est descendue par câble de l’hélico du ravitaillement, tout de suite, le narrateur pressent que quelque chose cloche. Cette silhouette juvénile n’a rien à faire dans le désert glacé de Solak, dans la Centrale au bord du cercle polaire arctique. On est à la fin de l’été, il y a encore un peu de lumière, un peu de jour, mais cela ne va pas durer.
L’hélicoptère emporte le corps d’Igor, congelé dans une boite depuis son suicide, et le jeune homme qui doit le remplacer fait son entrée dans le huis clos. Autour du poêle, dans le salon avachi, quatre fauteuils, et le silence du nouvel arrivé posent d’emblée la tension. Pior, le narrateur, est le chef et le vétéran de la station. Sur la banquise depuis 20 ans, il garde le drapeau qui s’effiloche, surveille les alentours du camp qui tient plus d’un no man’s land que de l’infini glacé poétique. Roq est la brute qui peut se faire sauter la tête à coup de vodka. Entre lui et le gosse, l’ambiance tourne tout de suite électrique. Provocations vulgaires et triviales contre silence et regards de fusil mitrailleur. Grizzly, lui, est là depuis cinq ans, il est presque sur le départ, sa mission scientifique se termine au prochain printemps. Il met du cœur et de la foi dans ses mesures. Il orpaille sans cesse les silences et les mouvements du grand blanc. Sa foi est intacte dans la ronde du vivant, la chaine de la nature qui passe aussi dans les tressaillements de la presqu’ile.
En attendant la grande nuit, Pior enseigne au gosse les règles de la survie, un peu de pêche et comment se garder des ours blancs.
Quand la grande nuit est là, finalement, la seule inconnue qui reste est qui va tuer qui, quand, et pourquoi ? D’ailleurs, le simple huis clos entre ces personnages serait une raison suffisante pour que le nid de coucous implose en un bain de sang. Et, malgré cet attendu évident, le récit arrive à maintenir une tension suffisante pour que le moindre micro évènement provoque un tressaillement, voire un frisson. La noirceur bouillonne et les secrets surgissent sans aurores boréales. A froid.
J’ai aimé ce roman, sauf la fin qui m’a paru accumuler un peu trop de problèmes en même temps, avec des invraisemblances.
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C’est vrai que la toute toute fin est un peu bancale, et le « secret » pas vraiment nécessaire. L’ambiance aurait suffit à expliquer les événements, dont l’enchainement est d’ailleurs bien fichu pour tenir le lecteur en tension.
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Le début de ton billet me rappelle tellement Farallon Islands, dont j’avais tant aimé l’ambiance et le rythme, que je ne me risquerai pas à lire celui-là, de peur d’être vraiment déçue…
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Farallon Island ! Tu évoques une lecture d’une belle densité, dont la lenteur est substantielle. Ce titre est plus classique, et te plairais beaucoup moins, forcément !
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Juste pour dire que je crois savoir ‘où vient la photo qui illustre le billet. Un truc assez dingue (ne pas s’approcher de la bébête)
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J’ai trouvé ces photos de l’île aux ours assez drôles, tant ces animaux semblent être à leur aise dans les habitats abandonnés. En fait, ce pourrait être drôle, si ce n’était une marque de plus du dérèglement climatique du pôle glaciaire …
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A te lire, une lecture qui souffle le chaud et le froid.
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Exactement ! Le froid brûle aussi ! ^-^
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Je ne connaissais pas du tout et tu m’intrigues du coup ! je me le note et te remercie pour la découverte 🙂
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L’autrice habite la même ville que moi, c’est peut-être pour cela que ce titre a été un peu mis en avant dans les librairies du coin ? En tout cas, c’est vrai que j’en ai peu entendu parler. Il faut dire aussi que Blizzard de Marie Vingtras est à peu près sur le même thème et que du coup, ce titre lui a peut-être fait de l’ombre ?
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La découverte de l’année. Elle a acceptée deux interviewes, voici la première sur bbb :
https://broblogblack.wordpress.com/2022/08/05/8132-les-zad-de-caroline-hinault-qui-est-le-loup/
Merci poru vos conseils de lecture.
François Braud
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