Kalamaki est une île grecque où la mesure du monde est possible pour le jeune Yannis, 10 ans, autiste, pour qui tout changement est source d’angoisses irrépressibles. Il arpente la vie en chiffres, la cadre en calculs constants, il balise son univers en nombres stables : l’ordre d’arrivée des bateaux de pêche dans le port, les kilos de poissons rapportés par chacun, les consommateurs présents sur la terrasse du café, à l’heure dite où aucun ne bouge pour lui laisser le temps de faire l’équilibre. Son père est le maire de cette communauté malmenée par la crise grecque. A l’image du pays qui est en piteux état, mauvais élève de la croissance, le parent pauvre qui craque de partout en 2019, endetté, corrompu, regardé de travers par les institutions européennes.
Mais l’île, microcosme et reflet de ce chancellement, garde trace aussi de la grandeur antique, un amphithéâtre envahi par les coquelicots, dont les blocs de marbres et les stèles s’ouvrent sur une crique, s’alanguit en contrebas du monastère. Dickie, une jeune étudiante américaine en architecture d’origine grecque par son père, s’est enthousiasmée pour ce lieu. Y règne l’ombre du nombre d’or et avec lui, toute la splendeur de la philosophie antique, la sagesse de la mesure parfaite. Elle est morte en ce lieu, d’un accident stupide et son père, Eliot est venu vivre sur l’île, poursuivant ses recherches. Depuis 12 ans, il relit les mails enthousiastes de sa fille.
Le roman prend son temps pour relier trois solitudes, celle d’Eliot, de Yannis et de Karani, la mère du petit garçon, qui trébuche face à ce fils qu’elle n’arrive pas à atteindre, si fatiguée parfois des crises violentes qui exigent d’elle une patience trop lourde, parfois. Ils se rapprochent alors que la communauté de l’île est en ébullition, un projet de luxueuse marina est soutenu depuis Athènes, il promet reprise économique, afflux touristique, prospérité pharaonique, une vraie nouvelle façade à offrir aux institutions européennes qui doutent de la capacité du pays à se reconstruire.
Arditi exploite souvent des thématiques plus historiques, plus amples, et le fait est que je me suis sentie un peu à l’étroit dans ce roman, malgré mon goût immodéré pour les amphithéâtres antiques dans les lumières sèches et coupantes de la Grèce, et les senteurs du Meltèm. Trop de thèmes se conjuguent en un petit espace : l’autisme, ses conséquences sur la vie familiale, le deuil d’une civilisation et d’une fille tant aimée, la pourriture politique et médiatique sur l’échelle de l’île et de l’Europe … La parabole du nombre d’or en devient confuse.
Une participation au challenge lectures autour du handicap
J’ai lu ce livre mais n’en ai aucun souvenir, mais alors aucun ! et en plus, je n’en avais pas parlé sur mon blog…
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J’ai bien peur qu’il ne m’en reste pas grand chose non plus … Et je suis d’autant plus frustrée que le sujet de l’autisme me motivait particulièrement ! Il est présent, bien sûr, mais noyé dans les autres …
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je l’ai aimé mais moins que « Le Turquetto » qui fut un coup de cœur (merci à ma bibliothécaire! )) ou « L’homme qui peignait les âmes » …
« La confrérie des moines volants » était bien aussi 🙂
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C’est un auteur dont j’apprécie beaucoup certains titres, dont Le turquetto et La confrérie des moines volants, qui ont une dimension historique plus ample. Ici, on dirait presque un texte de commande sur la crise grecque …
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peut-être, en tout cas c’est celui qui m’a le moins bouleversée même si cet enfant me plaisait beaucoup
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J’avais bien aimé ce roman et il me semble qu’il a été un coup de cœur de mon club
Je me souviens bien du désarrois du jeune autiste.
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Le jeune Yannis m’a moins touché que sa mère qui est perdue face à son fils et fatiguée. Il me semble que c’est assez rare que l’on évoque ce sentiment d’impuissance, voire d’agacement envers un enfant qui n’est pas conforme et qu’on ne peut comprendre.
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Merci pour cette participation qui j’espère va relancer notre défi autour du handicap, qui est je crois un peu tombé dans l’oubli. Si cela t’intéresse, nous organisons une LC le 25 juin autour du titre de Philip Roth : « Némésis ».
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Ce n’est pas évident de maintenir un challenge sur une année ! J’ai une autre lecture sur le handicap à venir ( c’est un peu un hasard qu’elles soient aussi rapprochées … j’avoue ) Pour Némésis, je ne sais pas, j’ai un peu de mal avec Philip Roth. Mais je garde l’idée en stock quand même.
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Je ne me sens pas du tout attirée par ce thème. J’en ai un de l’auteur dans ma PAL depuis tellement longtemps que je ne me souviens même pas pas lequel.
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Certains titres sont vraiment bien pourtant ! Si c’est Le turquetto ou La confrérie des moines volants, tu peux y aller ! Loin des bras, m’avait beaucoup plu aussi, il se déroule également en Grèce, c’est sombre et tragique à souhait.
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Je l’ai lu et été un peu déçue… trop de bons sentiments cumulés et trop de thèmes abordés aussi. J’avais préféré Le Turquetto et Loin des bras.
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Il lui manque une tension à ce titre, on on suit mollement les différents fils. Les deux titres que tu mentionnes fonctionnaient beaucoup mieux, avec du tragique pour soutenir les personnages.
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Exactement !
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Je n’ai toujours pas lu cet auteur, je viens de me motiver, avec un autre titre. Je reconnais que je ne suis pas certaine d’en venir à celui-ci.
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Ce n’est pas du tout ce titre que je conseillerais pour découvrir cet auteur. Les trois autres qui reviennent dans les commentaires précédents sont bien plus prenants. Avec, pour moi, un intérêt marqué pour Le turqueto, dont le thème est passionnant pour qui apprécie la peinture et la Renaissance.
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Je te rejoins complètement : un roman qui fut trop fouillis pour moi.
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Voilà, fouillis et mou …. Au plaisir quand même de retrouver l’auteur avec une meilleure réussite !
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Merci pour ta participation à notre thématique. De mon côté, je n’ai lu qu’un livre d’Arditi (Le Turquetto) qui m’avait bien plu à l’époque. Je vois que les deux titre ont en commun l’abondance des thèmes évoqués.
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J’avais largement préféré le turquetto, riche en thèmes, mais plus cohérent, avec une trame narrative solide et un arrière plan historique passionnant.
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