1888, on est dans l’ouest sauvage, sans foi ni loi. Dès l’entrée dans le saloon de la première scène, les gouttes froides de la peur vous saisissent aux tripes. D’ailleurs, à peine les premières pages lues, vous avez déjà envie d’allez voir vite fait à la fin du chapitre si les deux jumeaux qui viennent d’y pénétrer ont laissé une vague chance à ceux qui sont enfermés dans les pages, et donc, coincés avec deux sadiques, un muet et un loquace, qui se font des délices d’être tombés sur deux souris. C’est l’avant goût des montagnes russes du récit, qui vous laissent parfois pantelant.
Trois hommes, Oswell, Godfrey, Dickie sont invités au mariage d’un quatrième, Jim. Ils ne se sont pas revus depuis 16 ans, ont de très bonnes raisons de ne pas en avoir du tout envie. Ex cow-boys belliqueux, ex membres du gang du grand boxeur, ex-braqueurs de banques, ils ont volé pour survivre et puis tué pour pouvoir voler. Quatre voyous, plutôt ordinaires, jusqu’à ce qu’ils se fassent embarqués dans un engrenage féroce par un Irlandais, incarnation du génie du mal. L’anarque grandiose vire au cauchemar, une vision genre Apocalypse Now à la sauce Tarentino. Les quatre hommes se sont enfuis, ont enterrés les armes, et se sont enfouis dans une autre vie. Pas assez profondément pour que l’Irlandais ne soit tapi dans l’ombre.
16 ans plus tard, donc les trois prennent la route vers le mariage de Jim, à contre coeur, sachant que le piège est ourdi et implacable. Orwell, le fermier, est marié, deux enfants, son frère Godfrey, qui parle en dormant, a vu sa femme le quitter. Dickie s’est fait une carrière de séducteur, il écume les jupons sans aucun scrupule et nulle autre arme que sa belle gueule et ses paroles aguicheuses. En trainant leur caisse du passé, ils se rendent dans un coin perdu du Montana, Trailspur, où Jim a construit une maison, est devenu croyant et menuisier, choyant ses chiens coyotes presque plus que la belle Béatrice. La jeune fille est tombée sous le charme de ce géant taiseux ( et pour cause …) d’un mètre 93. Elle est la chère et unique fille du shérif, Théodore William Jefries, veuf depuis 19 ans et affublé d’un adjoint qui se serait bien vu au bras de la Béatrice. Heureusement qu’ils sont là, ceux là, ces personnages secondaires qui vont, un peu, faire de l’ombre au crépuscule dantesque qui s’annonce.
Parce que, ce qu’ils ne savent pas, mais que le lecteur, lui, a compris depuis la scène du saloon, c’est que toutes les terreurs sont possibles. Reste à parcourir le chemin vers l’église, et résister à la tentation de lire les dernières pages du livre pour savoir qui va survivre aux noces forcément sanglantes.
Ponctué d’actions qui laissent présager le pire pour le bouquet final, comme dans les bons vieux westerns de série B ou Z, on est parfois à deux doigts de basculer dans le grotesque. Le propos est d’un noir d’encre, car une fois le passé déterré, il sera bu jusqu’à la lie. Le remords, la honte, la rédemption ne rachètent rien, il ne laisse aucune autre voie possible au lecteur, si bien que l’on peut se sentir à l’étroit dans cette course programmée vers l’abime. Les seules respirations sont les personnages secondaires, le vieux sheriff, l’adjoint, quelques habitants du village, la pianiste infernale … comme des parenthèses qui laissent entrevoir un far-west plus débonnaire.
pas pour moi c’est sûr mais j’ai adoré ton billet
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J’ai pensé à toi en le publiant, justement ! Me disant, voilà un titre qui ne tentera pas les âmes sensibles … Et je le comprends bien !
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Bon billet, mais pas une lecture pour chochottes, je passe… ^_^
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Pas du tout pour chochottes ! La montée en puissance de la violence est assez éprouvante, même, par moments …
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Même chose que les copines et bravo pour ce billet ! 😉
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Merci pour le compliment. En l’écrivant, j’ai voulu être claire sur l’atmosphère très oppressante et sur une violence presque gratuite par moment. Du coup, je savais bien que je n’allais pas emporter l’adhésion …
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Ouais, bon, j’suis déjà fort éprouvée rien qu’en lisant ton billet 😄! Trop noir pour moi, tout ça (en plus, je me connais, j’irais voir à la fin, trop de tension dramatique !) !
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C’est ce que j’ai fini par faire, aller voir à la fin qui allait survivre … Et finalement, ce n’était pas forcément une bonne idée non plus !
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J’ai lu un titre de cet auteur, mais je ne sais plus lequel… J’avais bien aimé, mais c’était noir aussi. Et en parlant de western, j’ai récmment lu Incident à twenty-mile, sur tes conseils, et adoré…
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A étonnants voyageurs, sur le stand de l’édition, cet auteur était présenté comme « le plus noir des westerns », on est proche du genre des « pulps », c’est sans doute ce qui m’a fait penser à Tarantino.
Incident à twenty mile est beaucoup plus touchant et bien plus ambigu. Sincèrement ravie que tu l’aies adoré et j’ai hâte de lire ta note !
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Le thème du far-west ne me tente pas, ni en film ni en livre. Tant pis.
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