Black bird, James Keene et Hillel Levin

imageJimmy Keene est un gentil fils à papa, mais le papa a une double face : bel homme, héroïque pompier, agent de police, un peu véreux sur les bords. Il est surtout un piètre homme d’affaire et c’est fiston qui renfloue ses faillites, parce fiston Jimmy, lui est doué, très doué même. Très jeune, il a bâti un empire de la drogue, indépendant des cartels, c’est dire si le gars est malin. Sportif, abstinent, il sait flairer les marchés et vit sur la côte dorée, une fille sexy au bras, jusqu’au jour où les fédéraux le font plonger. Il prend dix ans et commence à apprendre comment survivre en milieu carcéral. Mais, au bout de 10 mois, et c’est là que commence le récit, le procureur Beaumont, celui qui l’a condamné sans aucune hésitation, lui propose un marché, justement parce qu’il a des qualités de caméléon.

En échange d’une libération anticipée, Jimmy doit se rapprocher de Hall, un prisonnier condamné pour un seul meurtre mais qui serait un sérial killer. Hall est un être falot dont la seule passion est les reconstitutions des batailles de la guerre de Sécession. Il a d’ailleurs des rouflaquettes qui font historique, mais c’est à peu tout ce qui le distingue d’une médiocrité anonyme. Pourtant, un policier pugnace a accumulé des suspicions, un faisceau de coïncidences autour des déplacements de Hall dans les différents états, des filles dont le corps n’a jamais été retrouvé, des jeunes filles aux cheveux mi-long, châtains, et dont les portraits pourraient figurer dans un album de lycée bien lisse. Mais hasards et suspicions ne font pas des preuves et les rouages des polices locales n’ont pas eu assez de dents pour coincer Hall. Un seul meurtre a pu être retenu, celui de Jessica Roache, mais il a fallu deux procès et Hall fait à nouveau appel, et ça pourrait bien marcher.

Le rôle que Jimmy finit par accepter est celui du confident. Il est infiltré dans le même pénitencier que Hall, où celui-ci est considéré comme un prisonnier modèle, où il sculpte des faucons en bois et jouit de certains privilèges. Ce pénitencier est singulier car il est un hôpital de haute sécurité, pour meurtriers psychotiques mais aussi mafieux en fin de vie. Et Jimmy a une tendance à se faire remarquer et à bruler les étapes … Beaumont a été clair, il lui faut des confidences claires, l’emplacement d’un corps, un parmi la vingtaine de victimes supposées. Mais Hall est un taiseux, retors et méfiant comme une petite fouine.

Ce true crime aurait pu être passionnant, et il l’est pour la restitution de l’enquête de Jimmy et l’évocation du milieu pénitentiaire, où il doit se mouvoir entre s’assoir à la table des tueurs d’enfants et être invité à celle des mafieux… Mais comme le récit déroule en même temps les enquêtes de police visant à accuser Hall, c’est un peu foutraque. L’écriture est à la louche et se perd parfois dans des détails dignes d’un rapport de police en trois exemplaires … En  restant proche de la documentation de l’enquête, les détails redondants s’accumulent, le travail de fourmis des enquêteurs prenant souvent le pas sur les ruses que Jimmy doit mettre en place en prison et son parcours auprès de celui qui le dégoute et dont l’amitié est pourtant la seule possibilité de libération. Une confrontation qui aurait pu être diaboliquement efficace, mais il s’agit plus d’un récit journalistique que d’un roman …

Une nouvelle participation au challenge de Sharon thrillers et polars

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14 commentaires sur “Black bird, James Keene et Hillel Levin

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  1. Ha, j’adore ton illustration qui donne envie d’aller lire ton billet pour savoir pourquoi tu as choisi un caméléon ! 🙂
    Bon, sinon, je ne suis pas incitée à me précipiter sur ce polar qui pourtant partait bien…

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    1. C’est vrai que j’ai pris l’habitude de choisir des illustrations un peu en décalage, c’est parfois un détail du récit, d’autres fois une image qui me reste en tête. J’avoue que cela peut-être énigmatique … Le caméléon, c’est parce que Jimmy doit se fondre dans le paysage carcéral !
      Et ce titre m’a un peu déçue, effectivement, mais plutôt au fur et à mesure de la lecture. J’étais motivée par l’idée qu’une fois en face du tueur en série, l’enquête allait être plus approfondie psychologiquement et moins journalistique.

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  2. Peut-être aurais-tu mieux apprécié cette histoire en regardant la mini-série que j’ai personnellement bien aimée… Quand j’ai regardé la série, je savais que l’histoire était inspirée de faits réels mais j’ignorais qu’elle était adaptée du récit qu’en a fait le principal protagoniste.

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    1. J’aurais bien aimé voir la série ( Denis Lehane en plus, est une référence …) mais elle n’est pas disponible sur la plateforme que j’utilise habituellement. Je vais attendre, on ne sait jamais !

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    1. Une déception effectivement, mais quand même, je reste curieuse de ce sujet et de cette forme où l’on tente de comprendre les mécanisme de la justice … J’ai sur mes tablettes Les heures furieuses, conseillé par Ingannmic, sur la tentative d’Harper Lee d’écrire son De sang froid à elle …

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  3. Vraiment dommage pour la forme qui semble desservir le fond. Je me suis rendu compte que j’adorais le true crime depuis que j’avais lu De sang froid, et je l’aurais bien noté celui-ci.

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    1. Moi, c’est pareil, De sang froid m’a rendu adepte du genre … Après cette lecture, il est difficile de trouver un autre titre de la même envergure, mais je ne jette pas l’éponge !

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