Deuils, Edouardo Halfon

1600x900Le narrateur va sur les pas d’un souvenir qui a empreint son enfance. Un petit corps noyé dans le lac, au dessous de la villa de ses grands parents, au Guatemala, dans la région de Amatilan. Tout ce dont il se souvient, c’est qu’il a entendu parler de cette noyade, il n’a rien vu et personne n’en parle dans la famille. Le petit mort s’appelait Salomon, il était le frère ainé de son père, et portait ce prénom du roi des juifs comme les deux arrière grands pères, celui de Beyrouth et celui d’Alep. Pourtant, ce qu’il sait aussi, c’est qu’il a retrouvé dans une boite de carton, une vieille photo de ce même Salomon, un garçon trop petit et qui semble triste sous la neige de New York, dans un parc, en 1940.

La famille est une famille d’exil. Un des grands pères est polonais, l’autre, libanais. Les deux sont juifs. Après plusieurs escales, elle s’est fixée au Guatemala mais en 1981, la situation politique du pays contraint les parents du narrateur, qui a alors 10 ans, à partir s’installer dans une banlieue du sud de la Floride. Pour les enfants, l’anglais remplace l’espagnol, et le récit se construit entre les souvenirs, anodins, de cette vie et le périple autour du lac. On y croise Don Isodro, le jardinier amérindien qui plantait des arbres dans le domaine et auxquels il fallait murmurer des mots d’encouragements. En restant  enfouis dans les racines , ces mots aideraient l’arbre à grandir, Et on a l’impression, lors de cette lecture, que c’est justement ces mots là que l’on entend, des mots d’enfance au charme désuet, mais puissant, des ellipses de la mémoire : la jeune joueuse de base ball qui tourna dans un seul film, un homme qui se noie en changeant le filtre du toboggan du camps de vacances … Et revient le lac, où enfant, il a perdu la précieuse montre offerte par le grand père, dont les eaux ont pris bien des corps d’enfants, dont les eaux étaient autrefois si claires et dont la pollution a fait un cloaque et le temps, un cercueil …

Le récit ne cherche pas à reconstituer une logique, il va au cours du fil, qui, on le sait, filtre la réalité vécue au bénéfice de celle qu’on s’invente. Un bien belle rêverie.

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16 commentaires sur “Deuils, Edouardo Halfon

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    1. Je me suis laissée voguer sur les vagues de souvenirs … C’est un texte assez immersif ! Et le format, qui est court, permet que ce ne soit pas lassant. Pour la photo, c’est drôle comment l’ofice du tourisme donne un tout autre vision de ce lac ^-^

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      1. Non, pourquoi?^_^
        « La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres. »
        Plus sérieusement, je ne me souvenais pas de cette lecture, voilà. Viens voir ma PAL, il y en a…

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    1. Oui, c’est flou … surtout la fin, très très floue … Mais j’ai été conquise, malgré tout par cette promenade autour du lac et du temps. J’ai beaucoup aimé le traitement de la mémoire et quelques images, dont celle des arbres qu’il faut encourager à pousser.

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    1. C’est un texte très court … Mais c’est vrai que j’y aurais peut-être pas pensé si je n’avais pas chercher de nouveaux titres pour le mois latino. Comme quoi, ce mois, entre autres, nous entraine vers des lectures imprévues !

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