Un macaron collé sur la couverture annonce un « poing de point, un « livre dont on ne sort pas indemne ». Et voilà encore une promesse non tenue, parce qu’indemne je le suis, de même qu’agacée par les gros sabots de cette écriture dite » à cru », « à sec », « au ventre » ou je ne sais encore mais qui consiste en une succession de phrases courtes, affirmatives, mêlant les termes sciemment vulgaires, sexués, les allusions culturelles branchées, en une syntaxe minimaliste, avec des « je » en pronom personnel sujet de tous les verbes d’action. Effets punch line à répétition qui couinent ….
La narratrice claironne pourtant du début jusqu’à la fin sa liberté nouvelle arrachée aux conventions sociales ( les méchantes conventions …) . Avocate, mariée, hétérosexuelle, un enfant, elle change de peau, de vie, de look, d’orientation sexuelle. Homosexuelle, tatouée, dark, elle nage, multiplie les aventures d’un soir, qu’elle désigne d’ailleurs par des nominations telles que « la mince », « la jeune » … J’attendais « la grosse », « la moche », tant qu’on y est dans le viril (je suppose que le déni d’une identité accordée à une conquête est féministe … ). L’ex mari, en proie à la colère, lui refuse la garde de son fils, ment, utilisant ses excès et ses errances à son encontre. C’est injuste, révoltant, même les services sociaux finissent par lui donner raison. Mais au fur et à mesure des rencontres programmées, déprogrammées, des activités limitées au timing accordé, le désamour éloigne son fils de cette mère par intermittence, il finit par lui refuser la complicité qu’elle voudrait retrouver.
La narratrice multiplie les doigts d’honneur, victime et coupable de n’être pas un mec, le genre de mec qui saute sur tout ce qui bouge, abandonne ses droits de garde, de guerre lasse contre un ex de mauvaise foi, un enfant qui souffre, sûrement ( ce qu’elle ne dit pas d’ailleurs, son fils semble atteint de « sautes d’humeur » qui la laisse dubitative …).
La sexualité homosexuelle est donnée à lire comme une succession de scènes de baises assez crues et bien sûr sans lendemains stables possibles, pas question de se « mettre en couple » . Sa sacro sainte liberté en étendard, elle passe de conquêtes en conquêtes, d’appartements en chambres de bonne, squatteuse volontaire, elle jette à la benne Genêt et Sade à la poursuite de sa propre écriture …
Il me semble qu’inverser les rôles, les clichés de genre, s’est justement les assigner, et définir une liberté comme une solitude arrachée à la norme me semble aussi passer à côté de la cause à défendre : tout au loin de ma lecture j’ai souris dans ma tête à toutes ces femmes homosexuelles qui, dans la douceur d’un amour, se battent, tout simplement.
J’ai lu « Offenses » il y a peu, son dernier je crois, sans grande conviction. Il n’est pas autobiographique mais j’ai aussi trouvé le style agaçant, m’as-tu-vu.
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Visiblement, ce titre est autobiographique, du moins en partie si j’ai bien compris. Même si on ne peut que comprendre la colère de l’autrice face à l’attitude dépréciative de son ex-conjoint, il est difficile aussi de passer outre le style de cette dénonciation. On ne voit plus que les effets de manche.
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Ton billet est un régal, sincère et bien argumenté.
On est synchros aujourd’hui avec nos avis très négatifs (mais pas sur le même livre).
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Bon, ben, c’est clair que je ne lirai pas Saudade, alors … Ni d’autres titres de Constance Debré. C’est bien les avis négatifs aussi ^-^
Et merci pour le compliment, c’est compliqué parfois d’expliquer ce qui ne passe pas, et toi aussi tu le fais très clairement. Et les citations que tu donnes à la fin de ton derniers paragraphes sont très drôles, finalement, sorties du contexte.
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J’ai été tentée d’en lire un de cette autrice, pour voir, mais finalement non, je ne crois pas que j’y trouverais mon compte.
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C’est ce que j’ai fait, « pour voir » … J’ai vu. Et on ne peut pas dire que le titre a vaincu.
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J’adore quand tu n’es pas contente tu sais le dire et l’expliquer. J’adore vraiment.
Dans une réunion du club de lecture je me suis trouvée isolée à propos d’un roman dont certaines parlaient de l’écriture coup de poing devant laquelle elles se pâmaient alors que je trouvais cela si facile. Pour moi une écriture simple et raffinée qui fait comprendre l’horreur ou l’émotion est tellement plus forte. Mais bon ..je papote je papote et je ne dis pas l’essentiel : merci de m’avoir évité ce roman.
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J’ai retrouvé la bonne expression, c’est une écriture « à l’os » qui est utilisée dans les critiques pour Constance Debré ( et Angot).Il est certain que comme toi, je préfère les écritures plus charnues, avec des trucs à manger autour de l’os.
Merci pour ton retour positif …
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Je n’étais déjà pas tentée, mais j’ai aimé lire ton billet, bien argumenté et qui rend parfaitement compte de ce qui ne me plairait pas dans ce roman.
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J’en parlais hier de ce roman à quelques « grandes lectrices » de mon entourage, je crois que je les ai dégoutées … Et je suis aussi convaincue que tu fais bien de ne pas être tentée. C’est un texte autocentré, sans empathie.
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