Nord nord ouest, Sylvain Coher

téléchargementC’est le petit et Lucky qui sont en cavale, depuis Marseille, en passant par l’Italie, leur but était Calais, ils sont à saint Malo. Le duo est lié par un secret (qu’on connaitra vers la fin), et un pacte tacite de protection, Lucky protège le petit, parfois un peu brutalement quand même. Mais à Saint Malo, le duo devient trio, avec la fille. Elle on ne saura pas son prénom, elle l’a dit une fois à Lucky, il n’a pas eu l’idée de le lui redemandé ensuite. Elle s’est collée à lui, ce qui déplait fort au petit qui en prend ombrage tout en lorgnant sur ses seins. Il faut dire que la proximité des corps le lui permet vu qu’ils dorment dans une clio volée depuis quelques jours sur les parkings face à la mer. La mer qui les sépare de leur but, l’Angleterre et une nouvelle vie. On pourrait alors penser migrants, mais ce n’est pas tout à fait cela. Les deux jeunes hommes sont plutôt en fuite et se pensent même recherchés. Ils sont devenus experts en vol de voitures, de cartes bleues et en plans baskets dans les supermarchés. Elle, elle, s’adapte, tout ce qu’elle veut est de ne pas rentrer chez elle, chez ses bourgeois de parents.

C’est alors que Lucky a sa grande idée. Ils vont voler un voilier dans le port et traverser, c’est l’histoire de deux jours à vue de nez. Les deux garçons ne savent pas naviguer, mais elle a fait de l’optimiste quand elle était petite. Alors ils embarquent sur un bateau que Lucky a repéré comme étant abandonné, ce qui augure quand même que le flair du meneur n’est pas d’une logique maritime imparable. Le Slavegar, dès le départ, n’inspire aucune confiance au lecteur, le rafiot semble tout pourri, pas du tout adapté à une traversée de la Manche. Il n’y a d’ailleurs pas d’instruments de navigation à bord. Comme les personnages ne connaissent rien à la mer, on peut dire qu’ils ne s’en sont pas aperçus … Lucky pense quand même qu’il faudrait des cartes de navigation, mais le petit, chargé de la mission d’en voler, revient aves l’almanach du marin.

La traversée commence, la mer est calme, la fille ne s’en sort pas trop mal, Lucky découvre l’ivresse de la mer et le petit ne sert à rien, il fait la tronche et vomit. Ils ne savent ni ou ils sont ni quel cap prendre alors Lucky et la fille mène le bateau à l’aveuglette, à grands coups de gouvernails chanceux. Mais, contre toute logique, ils possèdent un sacré vocabulaire maritime. Il est ainsi question de « guider la ralingue du guindant » et Lucky est fort affligé de constater que « le point de drisse refuse de dépasser la barre de flèche » … Comme il ne se passe rien d’autre que naviguer, la moindre manœuvre est détaillée, le moindre vomissement du petit, le moindre taguage qui renverse le café, ou l’eau des pâtes , les envies de pipi, l’humidité croissante des sacs de couchage, la fatigue qui s’installe, les doutes sur la longueur du voyage, parce que les nuits se succèdent, et qu’ils ne voient pas le moindre bout de terre. Il y aura bien une tempête, et un drame, mais j’avais déjà décroché.

J’aurais dû arrêter ma lecture dès l’avertissement de l’auteur qui précisait qu’il n’y a rien de plus ennuyeux qu’une journée de navigation, que l’ennui en mer est consécutif à l’idée même de traversée en mer. Mais je ne pensais quand même pas que le récit en serait une aussi parfaite illustration. Paradoxalement, j’ai beaucoup aimé le final, qui ne manque pas d’un certain panache.

En tout cas, l’amie qui m’ a conseillé avait parfaitement raison : « pas de psychologie, beaucoup de technique », elle a aimé, elle sait naviguer. Moi pas.

Une participation au book trip en mer

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26 commentaires sur “Nord nord ouest, Sylvain Coher

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  1. Le voyage commençait bien et j’avais un très bon rythme de croisière jusqu’à ce que je lise « … mais j’avais déjà décroché ». C’était presque un freinage d’urgence 😅 (je ne crois pas que ce soit possible sur un voilier mais tu vois ce que je veux dire…). Tu ne l’as pas abandonné pour autant et comme la fin semble avoir rattrapé l’ennui de la traversée, je le note quand-même. Je n’ai tjrs pas embarqué, il faudrait que je me décide enfin…

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    1. Oui, je vois bien le freinage, le voilier de ce roman, n’en est sûrment pas équipé ( pour tant est que cela existe !)

      Et Keisha a lu aussi ce titre, et l’a apprécié !

      Et oui, viens faire des ronds avec nous, il y a vraiment d’excellentes propositions dans ce book trip ( et j’ai encore pas mal de titres de côté, avec des aventures extraordinaires ! )

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  2. ça semble totalement improbable, cette histoire ! Et ce vocabulaire marin alors que les personnages n’y connaissent rien, d’où cela sort-il ?
    Rien à noter, tant mieux ! 😉

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    1. Chez Keisha, j’ai découvert que l’auteur s’était inspiré d’une histoire vraie : un voilier retrouvé très loin de chez lui ( je me demande d’ailleurs si ce n’est pas le personnage du voilier que j’ai préféré ^-^) Et elle, l’emploi du vocabulaire technique ne l’a pas gênée.

      Moi, l’ennui m’a vaincue.

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    1. Je ne sais pas si savoir naviguer est une condition pour apprécier ce livre, mais je crois quand même que le vocabulaire technique ne fait pas sens ni image pour ceux, comme moi, qui n’y connaissent rien.

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  3. J’ai encore au moins un titre en réserve pour le Book trip, je m’epargnerai celui-ci ! La navigation peut être ennuyeuse, mais la littérature est censée la rendre un minimum intéressante…

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    1. Je pense que l’auteur a voulu créer une sorte de bulle, une dérive où la notion du temps se perd, comme celle de la réalité. Bon, il m’a aussi perdue en route, je ne suis pas très contemplative …

      Pour le book trip, j’ai encore deux titres de côté, J’ai hâte de voir la progression de tout le monde !

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  4. j’ai lu ce roman en 2014 … 10 ans déjà, grâce à Luocine (j’adore parle de moi à la troisième personne!) j’ai retrouvé mes impressions. J’avais aimé la navigation et les impressions de navigateurs débutants, un peu moins le style soi-disant poétique de l’auteur .

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    1. Dans ta note, tu parles d’ailleurs de ta connaissance de la voile et de la baie de Saint Malo, de ses obstacles. Cela confirme que sans ce savoir technique, on peut complétement passer à côté de ce roman …

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  5. Ton billet et les commentaires des bloggeurs m’ont convaincue de passer mon chemin. Franchement, c’est aussi bien pour ma pile à lire.

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    1. J’avoue avoir passé quelques pages en diagonale …. Juste pour voir si le rythme gagnait en tension, mais toujours l’aspect peu crédible des « aventures » me faisait lever les yeux au ciel.

      J’ai glané quelques « bonnes choses » au festival Etonnants voyageurs à Saint Malo, hâte de m’y mettre !

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  6. Mouarf, tu connais la fin quand même. J’ai trouvé qu’il y avait du souffle, quand même, beaucoup d’embruns. Oui, c’est fou et pas crédible, mais tant pis.

    Quant au vocabulaire, mes yeux glissent, et voilà.

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    1. Ben oui, même quand je m’ennuie, je finis le livre (sauf quand c’est un pavé quand même !) Je n’ai pas réussi à passer outre la crédibilité, elle me sautait aux yeux, à l’inverse de toi.

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  7. Mince, le billet de Keisha m’avait plutôt convaincue, mais là ça mérite réflexion (quoique cette fin reste intrigante). Je rigolais en lisant tes passages sur le vocabulaire marin. Après quelques lectures maritimes, je serais incapable de sortir des phrases telles « guider la ralingue du guindant » ou encore « le point de drisse refuse de dépasser la barre de flèche » alors des gens en cavale qui ne savent pas naviguer, ça me paraît encore moins probable.^^

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    1. Keisha a réussi à glisser sur ces expressions qui moi, m’agaçaient les yeux et ne m’évoquaient rien ! C’est drôle parce que depuis le début de mes lectures maritimes, cet aspect technique du vocabulaire ne m’a pas dérangée, peut-être parce qu’il est lié à des scènes d’action ?

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  8. Je tiens à préciser que je ne suis pas du tout spécialiste de navigation …Mon capitaine oui, mais il y a des mots que je n’arrive pas à comprendre par exemple quand il crie très fort « abats » je déteste: ce mot abattre qui ? J’ai du mal ausdi avec « remonte au vent » ou « serre le vent » comment remonter ou serrer un truc qu’on ne voit pas ?

    luocine

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