Le chant de l’assassin, R.J Ellory

Titian, c.1488-1576; Cain and Abel

Henry est un gentil gars, mais du genre qui n’a pas de chance dans la vie. Il n’a jamais connu son père, et à vrai dire, sa mère non plus … Une histoire d’un soir et Henry est arrivé, comme ce genre de choses arrivent …

A deux jours de ses 18 ans, ivre, du fond du jardin, il tire sur des canettes, le genre de truc débile, qui visiblement arrive aussi, du moins quand on est un ado qui s’ennuie au fin fond du West Texas. Peut-être même que c’est le West Texas, qui colle la poisse … Une balle a ricoché, traversé la clôture et s’est logée dans le cou de Sally Riggs, la voisine, une jeune mère de famille qui remuait les œufs du petit déjeuner dans la poêle. Comme elle a finalement survécu, Henry a écopé d’une peine relativement clémente. Et il sort du pénitencier au bout de trois ans, deux semaines et quatre jours.

L’ado a pris du plomb dans la tête et a survécu à la violence carcérale grâce à son compagnon de cellule qui a un pédigré criminel d’une autre envergure. A à peine 50 ans, il purge une peine qui le fera mourir en prison. Vingt ans auparavant, il a massacré un type qu’il ne connaissait pas, à coups de poing, dans un hôtel miteux d’Austin où il avait échoué au bout d’une nuit sans fond. Evan Riggs ne garde aucun souvenir de ce meurtre, mais ce dont il est cependant certain est que son histoire chaotique avec l’alcool et ses démons rageurs a trouvé là une forme d’aboutissement logique.

Riggs a été le mentor d’Henry, lui a évité pas mal des saloperies qui peuvent détruire une jeune homme en prison. C’est un homme de blues, un type qui aurait pu être une star de la country, avec un seul trente trois tours à son actif, dont les quelque titres racontent les choix qu’il a soigneusement fracassés tout seul, les amours perdus et défuntes, et dont il ne reste que des paroles pas tenues.

Le jour de sa sortie, Henry apprend que Riggs a une fille, dont il ne connait que le prénom, Sarah, et se voit confié la mission de lui la retrouver et de lui remettre une lettre. Henry promet, et c’est le début de ses ennuis à Clalvary, bourgade enclavée dans le fameux West Texas. La ville est gérée par le frère ainé d’Evan, Carson Riggs, auquel semblent liés les notables du coin, pour la plupart enrichis grâce au forage pétrolier qui a remplacé les activités agricoles. Carson Riggs est du bon côté de la loi, il est shérif de la ville depuis des années, beaucoup trop d’années pour être honnête. En réalité, il est le serpent du panier de crabes, le Caïn, qui, si il n’a pas tué Abel, en a rêvé plusieurs fois, quitte à écarter père, mère, femme et enfant de son chemin. Le genre de gars qui n’est pas près de lâcher le secret de l’existence de Sarah.

Le récit alterne les épisodes de la quête d’Henry dans le panier de crabes et les retour arrière qui retracent l’histoire familiale, depuis l’enfance des deux frères, sous les yeux des parents, Grâce et William, attentifs aux discordances entre l’ainé et le cadet, entre celui qui s’est ancré dans la rancune sourde, et l’autre, qui, bohème, a fuit les décisions et les responsabilités, et a fuit aussi, la trop aimée Rebecca, celle qui n’arrivait pas à faire un choix …

Le chemin qui mène à Sarah vaudra à Henry quelques points de suture et côtes cassées, mais, lui, semble, contrairement à son destin tracé de mauvais garçon, bien parti pour tordre le cou à la mauvaise fortune, arqué sur sa promesse. Accompagné par Evie, jeune femme qui n’a pas froid aux yeux, ils apparaissent petit à petit comme un prolongement d’Evan et Rebecca, d’un Evan qui aurait gardé guitare à la main, un espoir en sa bonne étoile et d’une Rébecca qui aurait pu lui faire confiance … Si pour le trio de départ, Carlson, Evan, Rebecca, le venin de la rancune a fait un sale boulot, on respire un peu pour le salut d’Henry et Evie, et aussi, finalement, Sarah …

Comme Ingannmic, je me suis posée dans leur histoire racontée par Ellory, toujours aussi efficace conteur des âmes sombres.

Une autre participation au challenge thrillers et polars

thrillers-polars-05-columbo

Et à celui des pavés de l’été

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25 commentaires sur “Le chant de l’assassin, R.J Ellory

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  1. En te lisant, je me disais que je ne suis même pas sûre d’avoir déjà lu Ellory. Il fait partie de ces auteurs dont on a tellement entendu parler qu’on ne sait plus si on les a lus soi-même…

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    1. Pour vérifier une lecture, le blog est ma mémoire ! Lui, au moins, il est infaillible.
      Le prochain pavé sera aussi du noir … Je réalise que pour l’instant, je suis en doublon sur mes deux pavés publiés avec Ingannmic, c’est marrant. Mais j’ai vérifié, pour le prochain, elle ne l’a pas lu, du moins, pas cette année ^-^ !

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  2. Je suis ravie qu’il t’ait plu, mais je n’avais pas trop de doute, Ellory est une valeur sûre.. j’ai juste été un peu gênée par le cumul de révélations/rebondissements finaux -ou du moins en seconde partie-, c’était un poil trop…
    Motivée par cette bonne expérience, j’ai craqué sur un exemplaire d’occasion de Le carnaval des ombres, en bouquinerie..

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    1. Cette accumulation est fréquente chez cet auteur, je trouve, je l’attendais plus ou moins. D’ailleurs, dès trois ou quatre titres lus de lui, je m’étais fait la remarque que les fins de ses récits sont un peu « loupées », ce qui n’empêche pas d’apprécier l’ensemble cependant.
      Je n’ai pas lu Le carnaval des ombres, mais je me doute de ce qui va se passer après la publication de ta note ^-^

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  3. Je l’ai déjà noté chez les copines ; je l’emprunterai à la bibli dès que possible. Je n’ai lu que deux livres de lui, j’ai aimé et on peut dire qu’il sait entretenir un suspense.

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    1. Je voulais voir quels titres tu avais lus mais la recherche ne m’a donné aucune entrée … Ellory est régulièrement présent sur les blogs, mais j’avoue que parfois, certains titres m’ont un peu déçue, Les neuf cercles, par exemple, que j’avais trouvé vraiment foutraque.

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  4. Voilà une histoire qui me semble riche et passionnante, et si elle est écrite par Ellory, elle est certainement doublement géniale. Je compte bien lire l’intégralité de son oeuvre d’ailleurs !

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    1. Carrément l’intégralité ! Wouah ! C’est ambitieux … J’ai lu neuf titres pour le moment depuis ma découverte de cet auteur à Etonnants voyageurs, avec Seul le silence, qui m’avait bluffée ! C’était en 2010, si la mémoire de blog est la bonne … Depuis, j’ai fait des pauses, et laisser passer certains titres. Sur lesquels je pourrai revenir, au fil des envies d’une valeur sûre.

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    1. Tu en as lu deux que je ne connais pas, ta note sur Un coeur simple me fait penser que le prochain titre de cet auteur que je pourrais lire pourrait bien être celui-là. A moins qu’Ingannmic ne me tente avant …
      Mais, si il est vrai, comme tu le lis, qu’on risque de perdre toute foi en la bonté de l’être humain en se plongeant dans son univers, c’est un peu moins le cas dans Le chant de l’assassin où l’auteur laisse une chance à Henry et Evie.

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    1. Je pense que ce sont mes deux titres préférés de cet auteur, avec Vendetta aussi … J’avais aussi eu l’occasion rencontrer l’auteur à Etonnants Voyageurs, mais sans dédicace puisque nous étions en terrasse d’un café, il ne passe pas inaperçu !

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      1. Haha, c’est vrai que j’adore me plonger dans l’univers de la Fantasy ! C’est un genre tellement captivant. Si tu as des recommandations à partager, je suis tout ouïe ! 😄📚

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    1. Je lisais moins d’Ellory depuis quelques temps, parce que je commençais à être un peu déçue par ses nouvelles parutions, à partir de  » Les neuf cercles » à peu près … Finalement, j’y reviens, il raconte quand même vraiment bien … Mais les premiers restent mes préférés, pour le moment …

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