Avant de proposer cette lecture commune à Ingannmic, je ne savais rien du livre, ni de l’auteure, juste « Rebecca », par Hitchcok, juste que Ingannmic avait l’air de bien aimer (et comme en général, j’aime bien ce qu’elle aime) , juste aussi qu’elle m’avait précisé qu’il s’agissait d’un recueil de nouvelles inédites. Inédites donc doublement pour moi, ce qui fait qu’avant de lire de l’inédit d’une auteure dont je ne savais rien, je me suis offert un roman, « Ma cousine Rachel » (dont je dirai le plus grand bien quand j’aurais cinq minutes pour lui trousser sa note à la belle ténébreuse …)
Les nouvelles, donc, sont arrivées en deuxième place dans l’ordre de lecture, même si elles sont en premier dans l’ordre de note sur ce blog, (« La poupée » ayant un peu vécu sa vie pendant les vacances, toute seule, aux hasards de destination postales incongrues …) « La poupée » est le titre de la seconde nouvelle, aussi, et c’est celle que j’ai presque le moins aimé, ce qui m’a fait un peu peur, mais en fait il n’y en a pas de vraiment pas bien, ni de vraiment meilleure. Il n’y a pas de fil conducteur entre les histoires, mais une solide cohérence de ton et d’univers.
La grande affaire de ces textes est l’amour des coeurs et des corps et ses frémissements d’âmes, surtout le coeur des femmes, de tous âges ou presque ; de la jeune fille candide du « Minet » qui se heurte au désamour de sa mère, elle, si jolie, elle, qui vieillit, au fantôme de la « vallée heureuse », en passant par la prostituée désabusée et même pas repentante de « Picadilly ». La plume incisivement perverse de la Daphné s’attarde sur les beaux moments dévastés par le temps, les débuts d’amour, souvent, qui tournent au vinaigre sans cornichon. Les couples installés dans leur dispute aigre-douce car de » deux tempéraments contraires » ou les folies que peut faire faire un « vent d’est » qui souffle trop fort. Peu de personnages masculins mais un de taille, un pasteur dont la vilénie n’a d’égale que l’hypocrisie mondaine, soigneusement vitriolée au scalpel dans « Notre Père … ». Ces amants, ces maris aussi, qui bifurquent, le temps d’un « week-end » ou dont les « lettres se firent plus sèches », sans compter que le retour de l’un peut laisser augurer que si « le chagrin n’a qu’un temps », le temps n’est pas le même pour celle qui attend, ou celle qui souffre.
J’imaginais Daphné du Maurier comme une auteure un peu poudrée, de cette poudre de riz et de cette goutte de parfum surannée que la dame de la couverture doit venir de se mettre derrière l’oreille avant de coiffer son chapeau à voilette. Que nenni ! la dame fait dans l’autopsie, derrière les voilettes du mensonge, dans la dissimulation de femme fatale.
La dernière, « La sangsue », est pour moi quasi l’équivalent en littérature d’un de mes films cultes « All about Eve », que je me suis revu le soir même de la fin de ma lecture, une tasse de thé à la main, sans vitriol glissé dedans, du moins, je l’espère …
Merci à Ingannmic, non seulement pour la découverte de ces nouvelles mais aussi pour celle de cette auteure que je vais suivre à la trace.
Votre commentaire