Blanc, SylvainTesson

texture-neige-blanche-qui-repose-uniformement-sol_199743-2534J’ai beau adorer ce vilain gosse prétentieux, ce bad boy moralisateur, cette fois-ci, c’est un trop plein de bavardages, bien écrits, charmeurs, bien balancés, mais des bavardages saupoudrés quand même … La blancheur du paysage rejoint celle du propos et hélas, non l’altitude des sommets, mais la profondeur des crevasses.

Donc Tesson est reparti en expédition, sur trois ans, il a programmé avec son ami alpiniste chevronné et risque tout, Du Lac, la traversée des Alpes, de Menton à Trieste. Et donc, Tesson skie et nous raconte le blanc, en convoquant en même temps son savoir livresque et son sens de la formule. Sauf que trois ans, raconté quasi jour par jour, c’est long quand finalement il ne s’agit que de grimper, plus ou moins facilement, de redescendre, non sans risques parfois, de chausser les skis le matin, de les déchausser le soir arrivés au refuge. S’étire une répétitive célébration des bienfaits de l’effort physique qui empêche de penser, il n’empêche que l’auteur, fidèle à lui même, pense sans arrêt, dissertant sur le blanc … puis du réconfort d’une tasse de thé chaud au coin du feu d’un refuge, plus ou moins peuplé, plus ou moins chauffé, il y a assez peu de possibilités de variantes, en fait. Un autre compagnon se joint au duo qui devient trio, ce nouvel apport permet à Tesson de citer un peu plus de Rimbaud, mais on reste loin des illuminations.

De temps en temps, un arrêt permet quelques traits satiriques brocardant un village suisse cossu et désuet ou des considérations vagues à propos de villages désertés par le vieux peuple que les touristes remplacent le temps des sports d’hiver. Un petit requiem pour la route.

La perfection de la blancheur du paysage, la poètique de l’éphémère de la trace, se dilue et fond nous dit Tesson et le voyage se termine dans les épines de pin. Une touche de mystique qui ne rattrape pas une transmutation foutraque et verbeuse.

Mais, je sais aussi que incorrigible, je ne suis amusée quand même, goutant ses pirouettes stylistiques.

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23 commentaires sur “Blanc, SylvainTesson

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    1. Je comprends … Et pourtant, je ne peux pas m’en empêcher … Depuis que j’ai commencé à le lire, je me laisse tenter à chaque nouveau titre, histoire de voir où il en est le bougre !

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  1. Ton billet m’a fait rire ! je n’aime pas du tout le personnage médiatique. Aucune envie de le lire, ni de l’écouter. Je me suis un peu forcée à lire « les chemins noirs » parce qu’il avait paraît-il changé. Je l’ai lu sans déplaisir, mais je ne suis pas tentée de récidiver.

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    1. Il est agaçant au possible … Je me demande vraiment ce que je lui trouve … Les chemins noirs, j’avais bien aimé, d’autant plus que je me trouvais en vacances dans une région que Tesson évoquait dans ce périple, un coin de France déserté, et ces descriptions sonnaient très juste.

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    1. Sympathique, je ne sais pas. Mais en tant qu’auteur, Blanc n’est pas son meilleur titre à mon avis. Il tourne en rond, là … Dans les forêts de Sibérie est plus introspectif et plus riche.

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  2. Je n’ai découvert l’écriture de Sylvain Tesson que très récemment et j’avoue que j’ai beaucoup aimé. Je projetais de lire « Blanc » cette année mais, du coup, j’hésite à changer mon fusil d’épaule. Tu m’avais conseillé « Dans les forêts de Sibérie » et « Les chemins noirs ». Tu confirmes ? Je note aussi quand même « Panthère des neiges » malgré le petit bémol de Keisha.

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    1. Même si Blanc est décevant, il y a toujours quelques moments de réflexions sur le monde « comme il va de travers » qui retiennent l’attention, justement parce que Tesson a un sacré sens de la formule et de l’écriture … Et oui, je confirme pour Dans les forêts de Sibérie » et « Les chemins noirs ». Je rajouterais même « Bérézina » …

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  3. Jamais lu non plus, mais j’aime bien ses interventions, malgré -ou en raison de- ses défauts… j’ai pourtant plusieurs de ses titres à la maison (La panthère des neiges, et celui avec « forêts » dans le titre), que mon conjoint a lus.. à voir, je tenterai peut-être cette Panthère des neiges..

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    1. Tesson maitrise l’usage de la langue … et de la formule. Et comme il a une sacrée culture et l’esprit à propos, moi aussi, j’aime bien l’entendre … Dans les forêts de Sibérie pourrait te plaire, je pense, dans « la panthère des neiges », il y a déjà beaucoup de blanc, mais plus de consistance que dans celui-ci quand même.

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  4. J’avais décidé de ne plus lire Sylvain Tesson, mais j’ai quand même lu « La panthère des neiges » à cause du film qui sortait. Ton billet confirme que je ne vais plus me laisser avoir !
    (Essaie de voir le film, il est superbe !)

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