Bêtes de ville, Nicolas Gilsoul

schema-versC’est Keisha, qui l’année dernière, m’avait donné envie de découvrir cette série de portrait animaliers. Il y est question de territoires, essentiellement urbanisés, exploités ou surexploités par le déploiement  humain, envahissant et protéiforme, et des conséquences sur les bestioles qui n’avaient rien demandé. Des espèces qui sont soit en danger, soit se sont adaptées, soit on fait les deux à la fois …

Soit comme les scorpions qui ont envahit Sao Paulo, se régalent du changement climatique, et de sa négation par le climatosceptique Bolsonaro et profitent des installations de la climatisation pour venir narguer les nantis jusque dans leur baignoire. En France, se sont les chauves souris qui se sont installées dans le temple de la consommation de Créteil soleil, à l’est de Paris.  Certaines d’entre elles se régalent des papillons qui prolifèrent dans la trouée de la tégéval, des paillons mutants, plus coriaces pour les mâchoires des chauve souris, qui se sont adaptées à la mastication … Les crapauds profitent des mares éphémères du chantier du grand Paris, ils peuvent croasser à leur aise dans un substrat pauvre et envahi de mauvaises herbes. Les espèces se nichent là où elles le peuvent encore … Comme les oiseaux migrateurs pour lesquels la ville verticale est autant d’obstacles à contourner, et la cartographie urbaine, sans cesse changeante, les obligent à chercher de nouveaux itinéraires et à trouver des points de chute, sans cesse en mouvement, et temporaires.

Parfois, ce qui aurait pu faire leur bonheur se retourne contre eux, grâce à l’incohérence humaine. L’ arrosage automatique des des terrains de sport et des pelouses résidentielles ont fait l’herbe plus verte pour les kangourous. Leur bien-être menaçant les activités du délassement humain, le gouvernement a autorisé des quotas acceptables pour les chasseurs, qui de leur habitacle de 4×4, équipés à la Mad Max, font des cartons en mode snipper. Pour les chiens de prairie, les hommes ont trouvé une solution, le déménagement. Comme ils font partie du patrimoine de l’imaginaire des grands espaces des prairies conquises aux méchants indiens, il n’est pas question qu’ils disparaissent complétement, mais pas question non plus qu’avec leurs souterrains, ils batifolent trop près des pelouses bien tondues. Donc, on leur construit des « villes » artificielles où ils sont enfermés quelque temps, histoire qu’ils restent à leur place, et fassent quand même joli dans le paysage.

Ces quelques exemples donnent une idée du diaporama que ce livre propose. Effectivement, les différentes espèces s’adaptent aux conditions de survie que les villes leur laissent, il n’empêche que l’instabilité généralisée du brassage planétaire génère non seulement des disparitions, mais aussi des mutations, voire des aberrations problématiques. Les importations de plantes exotiques dans nos jardineries ne sont pas sans receler quelques insectes, qui dans nos jardins, se révèlent de véritables prédateurs … Je crois que je vais regarder plus attentivement la tronche des vers de terre et des limaces qui rôdent dans mon coin de jardin.

pages pavés

12 commentaires sur “Bêtes de ville, Nicolas Gilsoul

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  1. Je ne me souvenais pas du billet de Keisha, mais oui le thème me revient ! des bêtes auxquelles on ne prête plus attention, alors qu’elles sont aussi utiles que les autres, araignées comprises !

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    1. J’avais gardé une petite liste des livres qui m’avaient tentée lors du challenge de l’année dernière, et pour une fois, j’avais noté le nom des blogueuses … Et comme je l’ai évidemment perdu, j’ai repris le récap de Ingannmic !

      Et il n’y a pas que des petites bêtes dans ce recueil ! Les grosses aussi ont du mal avec les hommes …

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  2. On aurait pu faire une LC, mon billet paraîtra dans 3 jours ! J’ai beaucoup aimé, car j’ai appris plein de trucs parfois incroyables, mais c’est aussi le genre de lecture qui me déprime… ces oiseaux migrateurs décimés par la verticalité des villes américaines, j’en frémis encore, et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres..
    J’ai le second volet (sur les végétaux si j’ai bien compris), qui sera pour la prochaine édition.

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    1. J’ai moi aussi appris plein de choses … Quelque peu déprimantes, ce qui fait que je l’ai lu en plusieurs fois,. Au bout d’un moment, d’ailleurs, la volonté de l’auteur de terminer presque chaque texte avec un brin d’humour m’a agacée. Trop en décalage avec les tristes réalités qu’il décrit.

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  3. J’ai beaucoup apprécié, l’année dernière pour le même mois, ces portraits d’animaux des villes, c’est vraiment très intéressant, et complet sur le sujet. Je viens de voir qu’un deuxième tome existe.

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    1. C’est un recueil qui colle bien au thème. Et je suis passionnée de plantes, alors le second tome sera pour l’année prochaine, sûrement même si la posture de l’auteur m’ a un peu gênée par moment.

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    1. Je ne l’ai pas trouvé trop court, sans doute parce que cela fait deux semaines que je le lis par intermittence. Il me reste les deux derniers textes à lire d’ailleurs.

      Merci du conseil en tout cas !

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