L’euphorie touche à peine le timide créateur. Traînent bien quelques mauvaises langues illustres pour évoquer les débuts obscurs du normand dont la faillite familiale n’ empêche pas ce début grandiose et cet étalage de luxe insolent. On passe ensuite dans les coulisses grâce au personnage de Clara, au départ obscure chroniqueuse dans « Le jardin des modes », puis mannequin, puis amie, puis cliente … Et on comprend rapidement que l’intérêt de la dessinatrice de cette bande dessinée, réside uniquement dans les robes, rien que les robes, comme le dit d’ailleurs leur initial créateur.
Superbement dessinés, on assiste à un envol de chiffons soyeux très maîtrisé, ils envahissent les pages et tournevoltent comme dans une romance un peu creuse. La trajectoire du maître est linéairement plate, comme celle de l’héroïne qui nous la chronique. Le travail harassant des pauvres mannequins dont la devise désespérée est « Qui dort dîne », n’a d’égal que celui de leur inspirateur vénéré, exigeant mais attentif.
Bref, un scénario à l’eau de Dior, malgré de superbes dessins de robes (on l’aura compris), et même si quelques vignettes montrent le décalage entre la réalité de la pauvreté de l’époque et la vanité arrogante du monde de la création et du commerce, c’est bien peu. Et comme monsieur Dior est montré comme étant essentiellement un artiste dans l’âme, l’aspect mercantile de l’univers du luxe est aussi gommé. pas de contrepoint, donc, cela fait un panégyrique qui fleure juste bon une flânerie pour happy few.
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