Ce roman est plein d’embruns et de larmes retenues, alors que la vague, puissante et prégnante, du chagrin d’être femme et mère, envahit Anne, vacillante au bord de l’attente insupportable d’avoir laissé partir son fils, Louis, 16 ans.
Anne vit rue des Ecuyers, dans la belle demeure du pharmacien Etienne Quemeneur, son mari. Elle y réside, comme dans un décor. Chaque jour, elle lève et habille Gabriel et Jeanne, les deux enfants sages qui sont nés d’elle et du pharmacien. Elle les emmène à l’école, puis elle attend, entre le port de pêche et la falaise.
Avant d’épouser le pharmacien, un des notables du bourg, Anne a été la femme d’Yvon Le Floch, marin pêcheur. Puis sa veuve. Ils s’aimaient dans la petite maison d’après le chemin des douaniers. la vie était simple, rude, familière. Yvon, disparu, Anne, en ces années de guerre bataille avec la misère, la peur, le froid.
Le pharmacien la guettait, depuis les bancs de l’école, depuis un après midi d’orage où il avait respiré l’odeur de l’herbe dans les cheveux de la toute jeune fille qui elle, connaissait la vie intense et invisible des marées et le goût des rochers et du vent. Après, il n’avait pas osé. mais après deux ans de veuvage, à la sortie de la messe, chapeau à la main, il annonce sa visite, devant tout le monde. Dans la petite maison, il dépose un gâteau de riche, et sa demande en mariage. Il prend Anne et Louis sous son aile.
Dans la grande maison, au dessus de la pharmacie, Louis est cependant devenu l’étranger. Puis, il est parti, et Anne attend. A la capitainerie, on lui a dit que le cargo de Louis serait de retour à Noël. Depuis lors, Anne arpente du regard l’horizon et dans ce qui fut leur maison à tous les deux, brode le récit du retour, le long repas qu’elle confectionnera pour le fils revenu, le long enchainement des dons, des odeurs, des saveurs, dans un après-midi de partage un peu flottant, jusqu’aux douceurs. Anne brode leur réparation.
Récit intime et tendu, l’écriture cisèle un personnage superbe, ses battements émeuvent, jusqu’au souffle final. Dieu que l’espérance est violente, disait le poète, et il avait, comme toujours, raison.
Présenté par Carole Martinez lors de son jardin d’hiver.
J’ai un a priori favorable pour cette auteure et voici le deuxième billet qui me donne envie de lire ce roman. Alors je le mets dans mes notes.
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Si tu ne connais pas encore cette auteure, que je pourrais mettre dans mes chouchous, d’ailleurs, tu peux aussi lire Nos vies désaccordées, qui reste pour moi le meilleur ou presque, avec celui-ci, maintenant !
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Ce que tu en dis est magnifique.
Il m’attend dans ma pal. Je compte le lire en juin, après le mois nouvelles!
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C’est presque une nouvelle d’ailleurs, le texte est très court, comme d’habitude avec cette auteure, et l’ampleur vient petit à petit. C’est juste excellent !
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Sublime ce roman ❤
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