Dans les Cévennes, c’est bien connu, les pierres parlent. Les pierres des murets qui se tiennent sans jointures, les unes tenant les autres, juste par leur place. Dans ce roman, elle murmurent, discrètes, l’histoire d’une fratrie, l’ainé, la soeur et l’enfant chiffon. Un enfant qui, a la naissance, a trois ans d’espérance d’une vie limitée : seul le corps grandira, mou, immobile, aveugle, muet. Seul les sens du toucher et de l’ouïe fonctionnent. Il peut rire et pleurer, des ris et des petits cris qui disent une douleur ou une joie à décrypter. Il ne jouera pas avec son frére et sa soeur, ne se baignera pas dans la rivière, ne verra pas les arbres qui entourent la maison familiale, n’apportera pas de joie. Toutes ces négations, c’est l’inadaptation. Ce que racontent les pierres, finalement, ce n’est pas son histoire à lui, mais les ricochets provoqués par sa présence et sa réalité dans la famille.
L’ainé est raconté en premier. C’est lui qui va s’adapter, faire avec, comme le dit l’autrice, et même faire fusion avec ce petit frère auquel il fait entendre tous les bruits possibles, en en inventant les couleurs et les variations. La soeur, elle, que les pierres racontent ensuite, oscille entre colère et rejet. Le petit frère, qu’elle n’arrive pas à nommer ainsi, lui a volé le grand, l’a privée de ce qui aurait pu être, de ce qui aurait dû être, des amis invités à la maison ,des gouters d’anniversaire, des joies à la place de ses parents, silencieux, douloureux, happés par l’administratif et la culpabilité. La soeur est celle qui va s’adapter, aussi, et transformer sa colère en force, pour eux, pour son frère, sa mère, son père, en s’accrochant à la figure lumineuse de la grand mère, à ses gaufres à l’orange pour ne pas céder à l’accablement. Le dernier, le frère qui arrive après la mort de l’enfant chiffon, se coule dans la place qui lui est assignée, avec douceur et respect.
Plus qu’un roman sur le handicap, c’est un récit qui en mesure le fracas, la douleur de ceux qui peinent à se donner le droit de vivre. L’ainé en gardera le poids, une solitude, que sa soeur, puis le dernier regarderont, attentifs à lui laisser sa place, comme à ne pas effacer le fantôme de celui qui n’a jamais pu parler. La grande tristesse de ce roman, finalement, étant l’image d’un corps pathétique, immobile dans le paysage si odorant et sensible, dans l’ombre de l’arbre près de la rivière, où le grand frère tentait de lui ouvrir le monde.
Audiolecture très très prochaine : je sens que je vais pleurer dans mes petits pois !
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Je ne pense pas que tes petits pois risquent la noyade … Ce n’est pas un texte triste, un peu nostalgique par moment ( surtout le dernier chapitre, paradoxalement, puisque le dernier frère n’a pas connu l’enfant inadapté. )
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Tu me donnerais presque envie, mais les pierres qui parlent.. mon esprit cartésien regimbe un peu…
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Elles sont très discrètes et vu ton goût pour les voix décalées, ça ne devrait te faire peur ! Mais je crains que ce roman ne manque d’un quelque chose pour te plaire … C’est d’ailleurs ce quelque chose qui fait que je ne l’ai pas classé en coup de coeur.
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Je voulais le lire à sa sortie et puis maintenant plus tellement ..
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Et bien moi, c’est l’inverse … Ce titre était trop exposé pour moi à sa sortie, et comme souvent, j’ai saturé. Un extrait lu au hasard d’une recherche sur un tout autre sujet m’a convaincue. C’est une belle écriture que celle de Clara Dupont Monod.
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Je l’ai débuté et puis, j’ai changé de lecture : le texte est beau, je vais le reprendre, c’est sûr.
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Ca, c’est quelque chose que je ne peux pas faire, lire deux titres à la fois … En tout cas, j’espère que tu reviendras à ce texte, il est court et finalement, malgré le sujet, je l’ai trouvé apaisant. Peut-être à cause aussi des paysages des Cévennes, que j’aime tant.
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C’est vraiment un très très beau roman, plein d’humanité…
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Une humanité sans trémolos ni grands discours moralistes … Et l’écriture est très sensible, même si elle est plus classique que dans les romans historiques de l’autrice.
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J’étais sceptique au départ et j’ai complètement adoré, je suis contente de ne pas être la seule, ce roman mérite vraiment le détour!
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Je n’étais pas particulièrement convaincue d’avance non plus … Mais j’aime bien les romans historiques de Clara Dupont Monod, elle a une façon particulière de retourner les points de vue. Ici, c’est plus autobiographique, mais très réussi aussi.
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Ce fut un coup de coeur.
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Je ne suis pas allée jusqu’au coup de coeur, malgré toutes les qualités de ce roman. La troisième partie m’a un peu interrogée, je l’ai trouvée palichonne.
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un roman que j’essaierai de lire le sujet m’intéresse.
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Il est très court et trouve facilement une place entre deux clubs de lecture !
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Je l’avais noté pour notre rendez-vous dédié au Handicap l’an dernier, mais finalement pas lu. J’ai entendu beaucoup d’avis positifs sur ce livre et ton avis ne déroge pas !
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Ce titre avait été plusieurs fois commenté lors de ce rendez vous, il ne m’attirait plus que cela. J’aime beaucoup les romans historiques de l’autrice et je ne voyais pas trop ce qu’elle pouvait faire dans cette autre veine … En fait, c’est plutôt un beau texte, très consensuel.
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