Alice change d’adresse, Michel Moati

 

Si vous en avez gardé des souvenirs d’enfance, ce n’est pas que le flanby ne soit pas bon, c’est juste qu’il n’a aucun goût identifiable, voire aucune texture référencée par ailleurs : une sorte de gélatine opaque et blanchâtre, avec une vague sauce caramel, même pas suffisante pour le recouvrir en entier. En plus, le flanby, il a toujours l’air trop petit pour l’assiette dans laquelle il vient de tomber, tremblotant encore d’avoir été sorti de son pot, tout nu après que le coup de la languette l’ai propulsé dans le vaste monde … je dois l’avouer, ce que j’aimais dans le flanby, c’était justement ce dernier coup de languette, dans un sentiment de toute puissance qui aurait vaincu la matière gélatineuse. Et bien, là, même pas !

Alice a vu son fils disparaître sous ses yeux, happé lors du retournement d’un bateau promenade qu’une tempête avait plaqué sur une écluse. Alice tente de disparaître à son tour, se loupe, et se retrouve en clinique. Elle voit apparaître alors (ben oui, c’est comma cela dans le roman, on apparaît disparaît en deux coups de cuillère à pot), un curieux personnage, Van Dern, qui se dit officier de police en convalescence, et qui cache des secrets bien brumeux et nébuleux, à commencer par sa connaissance de « l’affaire » d’Alice. Qui d’ailleurs n’existe pas.

Les deux s’évadent de la clinique pour retrouver la vérité, qui est déjà connue, je le rappelle, et commencent à fabriquer le mystère qu’ils cherchent. Ce qui fait une enquête dont les méandres se télescopent sans avancer d’un pouce : je ne sais pas comment on peut faire ça, mais le fait est …

Des témoins, qui n’ont rien vu, des indices, qui n’en sont pas, des suspects d’on ne sait pas quoi, une voix d’enfant que personne n’entend … Sans compter les trous de mémoire d’Alice, les silences de Van Dern, et les doutes grandissant de la lectrice de plus en flanby mais qui attend quand même le flop final, à la fois consternée et stupéfaite de se retrouver dans cette assiette là !