Mary Anne, Daphné du Maurier

by Unknown artist,print,published 1809

Mary Anne a poussé dans une impasse, un peu comme une mauvaise herbe, ou comme une herbe un peu folle et pleine de charme, dans un quartier plutôt misérable du Londres de la fin du dix huitième siècle. Sa mère avait connu des jours meilleurs, mais un veuvage précoce l’a conduite à un remariage plus ou moins contraint avec Bob Farquar, employé imprimeur des basses feuilles de chou, qui vivent des ragots et de coups de pique envers la monarchie de Georges III, en proie à l’épopée révolutionnaire française, puis napoléonienne.

C’est dans ce contexte que Mary Anne va s’élever à coups d’amis-amants vers les sommets aristocratiques, dont elle retombera d’autant plus vite, comme une poupée qui a déjà servi. C’est sûrement cet itinéraire atypique qui a attiré Daphné du Maurier. En effet, le début de ce destin est marqué par les coups de canif aux conventions et une sacré poigne de volonté.

Il s’agit tout d’abord, pour la toute jeune fille de sortir sa famille de la misère. Pour cela, elle pousse sa mère à tenir pension, tombe amoureuse d’un beau pensionnaire, qui se disait riche héritier et sculpteur de talent, un avenir qui sied à la belle …

D’avenir radieux, il n’y en aura point. Trois grossesses et un mari alcoolique abandonné plus tard, Mary Anne prend les raines d’une autre histoire, dans les marges, elle se fait courtisane de cœur, femme entretenue, tout d’abord par de modestes affairistes, puis elle se retrouve, presque malgré elle dans les bras du duc d’York, le fils du roi Georges, le commandant en chef des armées anglaises. De cette armée, de ses corruptions et manigances pour des avancements en grade, viendra sa chute.

Si le départ de cette biographie, que l’on sent quand même largement reconstituée par les thématiques chères à l’auteure, est assez prenant, par les tableaux un peu à la Eugène Sue, assez rapidement, on tombe à plat ; point d’atmosphère, à peine de l’aventure, on suit sans palpitations inutiles, l’itinéraire de l’ascension. Après, on s’étire dans l’évocation des jours passés auprès du duc, dans une monotone succession d’énumération des trafics liés aux difficultés financières de Mary Anne qui la pousseront dans la gueule des loups qui la mangeront.

La forte personnalité de la figure féminine se fige en quelques traits répétés, sur la longueur étirés, jusque la dernière partie, la relation des procès par lesquels Mary Anne tenta d’éviter la ruine et la honte d’avoir été le jouet d’un moment dans le lit de plus puissant qu’elle. Le propos qui porte l’écho de cette femme, et de ses doubles, dont la seule ressource était les hommes, dans le mariage ou hors mariage, en perd beaucoup de force.

Et Inganmic, qui a patiemment attendu la fin de mes tribulations, peut enfin publier sa note, mettant ainsi fin à ce qui sera sans doute la plus longue lecture commun de nos blogs respectifs !

 

8 commentaires sur “Mary Anne, Daphné du Maurier

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  1. Mais plus c’est long… bon, trêve de plaisanteries grivoises et malvenues en ces lieux d’érudition, je constate une fois de plus la concordance de notre avis !! C’est bien ça : un début prometteur, puis ça retombe comme un soufflé. J’ai en plus regretté de ne pas faire plus ample connaissance avec certains des personnages secondaires (notamment son insupportable frère…)

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    1. Oui, on a une fois de plus les mêmes commentaires, c’est un titre un peu faible malgré le personnage très fort (trop ?). On manque de souffle historique. Ce qui ne m’empêchera pas de continuer à lire Daphné.

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    1. Voilà, en gros, on peut s’en dispenser. En plus, pour le commander, ce fut un vrai marathon ! Cette lecture commune était programmée pour début juillet … Mais je suis une vraie quiche pour manier A***** !

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  2. Je n’ai lu que deux de ses oeuvres et je n’ai pas été déçue jusqu’à présent. Je compte donc poursuivre ma découverte de ses oeuvres mais comme j’ai du choix et vu vos deux avis plutôt mitigés, je passerai peut-être outre celui-là.

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    1. Comme je suis tombée dans le pot de confiture, je sais que je lirai tout ce que je n’ai pas encore lu, il me doit rester quatre ou cinq titres, pas plus, je vais donc prendre mon temps, et puis son oeuvre est inégale, mais il y a sûrement encore des pépites §

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