Poursuivant ma quête éperdue d’une lecture légère, digne de ce l’on pourrait qualifier de lecture de vacances : un roman facile mais drôle, bien ficelé, sans prétention mais bien écrit, et après mon échec d’avec Loving Franck, je me suis tournée vers l’Angleterre, valeur sûre où grouille les vieilles dentelles au goût d’arsenic et les roses pivoines piquantes qui laissent un arrière goût de cup of tea time (parce que les enfants enfermés dans des placards, les adolescentes vouées à l’échec, les cow-boy mourant d’un cancer du cul et j’en passe, ce n’en pas que je m’en lasse, non, mais disons que parfois, un bol d’air hors du chaos du monde ne peut nuire.) En plus, je me délectais à l’idée de la découverte d’une nouvelle auteure. Autant le dire tout de suite, ce roman est peut-être drôle, mais moi, je n’ai pas ri, il est peut-être piquant, mais je n’ai pas été atteinte, j’ai donc sniffé mes relents d’arsenic, sans qu’ils me fassent grand effet.
Matilda est une dame dans la cinquantaine, un peu originale, comme on aime les vieilles anglaises qui vivent à la campagne, entre travaux du jardin et petits villages de cottages au bord de la mer où tout le monde se connaît, où tout est conforme à l’attente de sa lectrice. Matilda n’aime que les animaux, enfin, celui qui lui reste, un jars, nommé Gus, qui fiente sur sa robe quand il est content et qui une fois a vu la mer, ce qu’il a bien aimé, d’ailleurs. Autrement, il aime le maïs. Dès fois aussi, il pince. Le chat, le chien, sont morts, le mari aussi, les uns après les autres, le mari en premier. Le mari, elle l’aimait, le chat et le chien aussi. Il lui reste ses enfants, mais elle les aime peu, et ils semblent bien lui rendre cette indifférence un peu retorse. En ce jour où commence le roman, Matilda a décidé de se suicider.
En femme excentrique qui se doit à ses manies, elle a tout prévu, elle a nettoyé la maison de ses toiles d’araignées, et de toutes les traces qui pourraient donner aux enfants un souvenir d’elle, a confié le jars à un autre foyer, elle a acheté des petits pains, du fromage et du beaujolais pour son pique-nique sur son rocher plat, au bord de la mer, avant de se jeter dedans lestée de quelques barbituriques, pour aider. Evidemment, elle ne pourra mener à bien ce plan A, à cause d’un barbecue de jeunes. En tentant un plan B, elle va littéralement se jeter dans les bras de Hugh, un matricide en fuite, celui dont parle tous les journaux et dont le grand nez s’étale à la une. Qu’importe ! Matilda le tope à la vue de tous, comprenant vaguement parce qu’elle a voulu parfois faire de même quand elle était jeune ( comprendre, elle a eu envie de tuer sa mère) et donc bras dessus, bras dessous, qu’elle va te le prendre sous son aile. Ce qui quasiment lui redonner une envie de vivre.
Ben oui, c’est aussi simple de cela, la vie de Matilda, un matricide sous son toit, après un incestueux, le jars, le jars qui pince, c’est tout sur le même niveau de légèreté. Du coup, elle m’a crissé sous la langue, l’anglaise excentrique, j’avais envie de la baffer et aussi très vite envie de finir le récit de ses aventures de mère indigne et de femme encore désirable mais décalée …. La machine, pour moi, a tourné à vide : même les saillies drôlatiques répétées ne m’ont pas fait battre un cil : le matricide vu partout en Europe alors qu’il est sous nos yeux, l’éternel retour de l’homme qui a mangé en ragoût le chien de sa femme, le voisin qui détient le secret les OVNI et bien d’autres, l’ énigmatique mari disparu protéiforme, les vieux amis snobs et méchants …
Très tarte à la crème anglaise !
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