L’incroyable histoire de la littérature française, Catherine Mory et Philippe Bereouini

Cette bande dessinée consiste en une série de biographies, rangées par ordre alphabétique des écrivains reconnus de la littérature française, un Lagarde et Michard en images qui égraine de Rabelais à Camus, les classiques. Le ton se veut drôle et le but didactique, je suppose.

Leurs œuvres phares sous le bras, ils défilent en rang d’oignon, bien rangés dans leurs cases et réduits à quelques anecdotes, saupoudrage biographique bien lissé. De plus, les œuvres majeures sont résumées dans une sauce insipide, celui de Phèdre et de Madame Bovary vident particulièrement les textes de toutes aspérités.

Quelques traits d’esprit ponctuent cette revue des grands écrivains, il s’agit sûrement de mettre de la légèreté dans le propos littéraire, si anecdotique déjà qu’il se limite aux grands traits définis depuis des lustres par l’histoire littéraire, qui a déjà tendance à trier tout ce qui dépasse, si bien que là, vraiment, il ne reste plus grand chose de vivant autour de ces momies sanctifiées par les normes.

Le dessin est lui aussi fort classique, et lui aussi se veut léger : on voit ainsi un cupidon lancer une flèche dans la fesse de Proust, à la vue de son grand amour, transposé en Albertine dans la Recherche,  Baudelaire en costume d’albatros, Nana en grosse mouche voletant au-dessus des décombres parisiens, et Rimbaud, en turban de diseuse de bonne aventure qui consulte une boule de cristal ….

Soit, vulgarisation, simplification, soit mais ne retenir du XXème siècle, que Proust, Colette, Sartre et Camus, c’est un peu fort de café quand même ! Et  le plus grand scandale de la vie de Sartre est d’avoir vomi sur les chaussures du proviseur d’Henri IV, mis sur le même plan que la prise de conscience de l’existentialisme, comment dire que mon poil de hérisson ne fait qu’un tour ….

Exit toute la dimension subversive des textes, tout ce qui pue un peu, qui crache un peu sur les tombes des pleins et de déliés des bons sentiments, un album qui sent la poussière.

 

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7 commentaires sur “L’incroyable histoire de la littérature française, Catherine Mory et Philippe Bereouini

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  1. Dommage, bien exploitée c’était une bonne idée… quoique qu’il n’y a sans doute rien de mieux pour faire connaître la littérature, et surtout la faire aimer, que de donner envie de lire les œuvres (en ayant au préalable donné quelques clés pour mieux les comprendre, et les aborder sans a priori).

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    1. Ce qui m’a vraiment agacée dans cette BD, c’est le côté Lagarde et Michard, je ne sais pas si tu as connu ces manuels ? En tout cas, heureusement que j’étais déjà lectrice parce que ce n’est pas avec cette approche « en tranches » de « morceaux bien choisis » et d’auteurs  » respectables » que je le serai devenue !
      Je cachais dans mon classeur des « vrais » livres pendant les cours de français ! Et franchement, la flèche de Cupidon dans les fesses de Proust, je pense que cela m’aurait fait ricaner bêtement, mais pas fait lire La recherche.

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    1. Assez énervée, oui, parce que c’est très décevant de voir que l’approche de la littérature ne change que très peu, tourne autour des mêmes écrivains, qui sont des incontournables, c’est certain, mais la vulgarisation ne devrait pas être un appauvrissement, ni un rabâchage..

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