Le titre est trompeur car avant de pouvoir profiter d’une chance minuscule de pardon, le personnage principal va se trouver écrasé par un hasard, une malchance, d’une extrême violence, à la fois intime et sociale, qui cause la métamorphose de Marilé Lauria en Mary Lohan. Lorsque le récit commence, cela fait vingt ans que la jeune femme blonde aux yeux bleux porte les cheveux et presque roux et des lentilles de contact marron. Physiquement, elles n’ont plus grand chose en commun mais Marilé est le passé de Mary, rien ne peut changer ce qui a eu lieu, la faille indicible qui a fait de cette femme, une femme rompue.
Marilé était une jeune femme effacée, réservée, marquée par la solitude dans sa famille à trois, son père qui cachait ses larmes derrière un livre, pendant que sa mère s’arrêtait de vivre, pendant de longues périodes, dont elle sortait parfois pour courir protéger les cheveux de sa fille des attaques des chauves souris. En fait d’attentions maternelles, c’est peu mince, on l’avouera. Elle fut la première étonnée lorsque Mariano, fils unique d’une grande famille de Buenos Aires, futur propriétaire de la clinique de son père, se dit séduit par elle et l’épouse. Puis la vie normée autour de leur fils, au rythme des cafés entre mamans de la même école. Son passé se révèle n’être qu’un nid de vipères au fur et à mesure des confessions de Mary.
Mary vit à Boston, depuis 20 ans, elle a construit difficilement la suite de sa première vie. Mais grâce à l’épaule de son compagnon, Robert, elle a pris d’autres appuis et revient sur les lieux de son « crime » qui l’a forcée à s’enfuir, munie d’une solide raison professionnelle. N’empêche qu’elle vacille sévère … ce qui fait que le récit s’attarde sur les manifestations de cette angoisse, qui déborde et la sidère en même temps. Pour une petite information, il faut accepter de l’accompagner sur plusieurs pages, entre une histoire de crottes sur le balcon de l’appartement qu’elle occupe, les synonymes du concierge, le portrait du directeur de l’école dont elle est venue évaluer la qualité des cours (c’est la mission officielle), sa peur d’être reconnue … Et puis, autour de la soixante dixième page, le secret pointe son nez et les mécanismes de l’engrenage se mettent à tourner vers les chances minuscules …
On a donc affaire à un mélodrame psychologique qui sonde la souffrance de la résilience, la spirale de la culpabilité, la plus terrible, celle qui est inévitable, celle qu’on lui a imposée, celle qu’elle a choisie. même si Mary a a une tendance lacrymale assez soutenue, l’exorcisme du retour finit par justifier les méticuleuses avancées chronométrées du départ.
Une participation au mois latino américain d’Ingannmic et Goran
je ne connais pas du tout mais ta chronique donne envie 🙂
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Je ne connaissais pas non plus et j’ai choisi ce titre en librairie pour cette raison, pour aller vers un autre registre que le réalisme magique qui colle souvent à la peau de la littérature sud américaine. De ce côté là, c’est réussi !
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Mais dis donc, tu participes très activement au challenge d’Ingannmic et Goran !
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Oui, cela m’amuse beaucoup, c’est la première fois que je suis un mois entier sur une thématique…
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Je crois deviner pas mal de réserves sur ce roman. Non?
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Un peu quand même … Le départ est laborieux, on fait du sur place tant l’héroïne peine à revenir sur les lieux du « crime ». Mais après, le récit s’enclenche et c’est pas mal.
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même si Mary a a une tendance lacrymale assez soutenue : cette phrase m’a fait sourire.
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Elle pleure pas mal, mais bon, il faut dire qu’il y a de quoi, vu ce qui lui arrive … Et en plus, elle a souvent un problème de lentilles de contact, du coup ( ce qui a une importance dans l’intrigue, si, si … )
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