Mrs Bridge, Evan S. Connel

Mrs Bridge est mariée depuis longtemps à Mr Bridge. Très occupé par son travail, il assure à la famille une posture sociale de premier plan dans leur petite ville. Mrs Bridge fait partie des happy few. Mr Bridge semble toutefois n’ouvrir les yeux sur elle qu’une fois par an, à l’occasion de son anniversaire, il lui offre alors des cadeaux somptueux, dont elle n’a guère envie et qui l’embarrassent. Mrs Bridge n’aime guère que les regards se portent sur elle et s’efforce avec constance à n’avoir que la même opinion que tout le monde. Mrs Bridge aime disparaître dans la conformité de son milieu social.

Mrs Bridge est mariée depuis longtemps à Mr Bridge. Très occupé par son travail, il assure à la famille une posture sociale de premier plan dans leur petite ville. Mrs Bridge fait partie des happy few. Mr Bridge semble toutefois n’ouvrir les yeux sur elle qu’une fois par an, à l’occasion de son anniversaire, il lui offre alors des cadeaux somptueux, dont elle n’a guère envie et qui l’embarrassent. Mrs Bridge n’aime guère que les regards se portent sur elle et s’efforce avec constance à n’avoir que la même opinion que tout le monde. Mrs Bridge aime disparaître dans la conformité de son milieu social.

Mrs Bridge a des amies comme elle. Femmes au foyer, elles sont occupées de ces mille et une choses qu’elles réalisent par devoir : comme disposer à chaque réception les serviettes pour invités dans les commodités, serviettes spéciales de taille et de forme, dont l’usage social veut qu’elles restent immaculées après le départ des dits invités. Il serait cependant inconcevable de ne pas les proposer, au moins à la vue, sinon à l’usage … Parfois, Mrs Bridge se sent une envie d’apprendre, l’espagnol, du vocabulaire, un peu de musique … Après achat des cassettes de conversation ou du manuel de leçons progressives, Mrs Bridge abandonne, par ennui ou parce que son emploi du temps finit par l’envahir : les déjeuners au country club, les réunions de parents d’élèves, la préparation des partys. La lecture assidue du Tattler, le journal mondain de Kansas City lui indique ce qu’elle a à faire : lecture publique d’une poétesse de passage, pièce de théâtre à voir, buffets et réjouissances organisés à la gloire d’une célébrité locale. Mrs Bridge meuble le vide sans voir qu’il est vide, ou alors un court instant, et cela lui fait si peur que pour un peu, elle se mettrait à faire le ménage elle même.

Mrs Bridge vieillit, et avec le temps le regard de ses enfants sur elle se fait de plus en plus distant et cruel. Elle ne comprend pas en quoi ses usages sont des carcans, elle se heurte sans cesse à ce « comment faire ? » qui finit par l’envahir, toujours les gants blancs cramponnés au volant de sa trop grande voiture qui la domine, mais qu’elle se doit de manœuvrer à l’aveugle. Tout Mrs Bridge est là, dans ce corset d’obligations qu’elle prend pour une route à tenir. Assaillie par les chocs et séismes que consistent pour elle toute nouveauté, Mrs Bridge est finalement touchante.

Un portrait ironique et finement croqué, dont je lirai le pendant masculin, celui de Mr Bridge. 

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